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Covid-19: le directeur du FBI assure que le virus a "probablement" échappé à un laboratoire chinois

Christopher Wray, patron du FBI le 27 janvier 2023.

Christopher Wray, patron du FBI le 27 janvier 2023. - Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images

Christopher Wray, directeur du FBI, a affirmé mardi auprès de Fox News que d'après le célèbre "Bureau" la récente pandémie mondiale a été causée par la fuite de ce coronavirus d'un laboratoire chinois.

Plus de trois ans après que le Covid-19 s'est répandu dans le monde, les questions entourant ce sujet si sensible demeurent nombreuses. Celle de ses origines n'est pas la moindre.

Ce corononavirus d'un type alors nouveau s'est-il développé dans un organisme animal avant de passer à l'être humain, au moyen d'un contact entre les deux espèces ou de la consommation d'une de ces bêtes infectées? Ou cette pandémie, qui a contaminé 758 millions de personnes, tuant près de sept millions d'entre elles (d'après le bilan de l'OMS au 28 février), est-elle la conséquence déplorable d'une erreur humaine, d'une négligence, voire d'une fuite de laboratoire?

Dans un entretien accordé à la chaîne américaine Fox News et diffusé mardi, Christopher Wray, directeur du FBI, a très nettement pris position en faveur de la seconde option.

Le patron du FBI met en cause l'Etat chinois

"Le FBI estime depuis un petit moment que l'origine de la pandémie réside probablement dans un incident potentiel de labo à Wuhan", a-t-il lancé, citant au passage l'agglomération chinoise qui fait cette fois consensus lorsqu'il s'agit d'établir le berceau de la maladie.

"On parle d'une fuite potentielle en provenance d'un laboratoire sous l'autorité de l'Etat chinois", a-t-il insisté.

S'il a dit fonder cette forte présomption sur les recherches des analystes et des scientifiques de son très célèbre et très fédéral "Bureau", il a toutefois reconnu: "Notre travail sur ce dossier continue".

L'administration américaine se divise sur la question

Ces déclarations n'ont rien d'anodin, surtout au sein d'une administration américaine pour le moins divisée sur la question, comme le montre ce panorama dressé par le Wall Street Journal. Ainsi, tandis que le Département de l'Energie penche du même côté que le FBI - avec un "faible niveau de confiance" nuance toutefois son rapport -, la CIA réserve son jugement.

Le Conseil national du renseignement - comme quatre autres agences gouvernementales -, a même statué en faveur d'une infection animale. Avec là encore, un "faible niveau de confiance".

Opacité

Le FBI risque d'autant moins de convaincre que Christopher Wray n'a pas dévoilé son jeu, ou en l'espèce les travaux de ses équipes. "Il n'y a pas tant de détails qui je peux partager avec vous et qui ne seraient pas classifiés", a-t-il soupiré auprès de Fox News.

Cette opacité, qu'elle soit entretenue ou imposée par la force des choses, agace chez les scientifiques auteurs de conclusions inverses. "Deux études publiées précédemment - dont j'ai co-dirigé l'une - démontrent clairement, de nombreuses preuves à l'appui, que la pandémie a fait son apparition parmi la population humaine au moins deux fois en deux semaines durant ou immédiatement en amont de la tenue du marché de Huanan (organisé à Wuhan, NDLR) au moment du commerce d'animaux vivants", a protesté Angie rasmussen, professeure associée à l'Université de Saskatchewan au canada, auprès du Guardian ce mercredi.

La parole du FBI - ainsi privée de fondement visible - est de surcroît condamnée à la polémique au vu du contexte de fortes tensions entre la Chine et les Etats-Unis dans lequel elle s'inscrit. Et le complotisme nimbant les théories autour d'une hypothétique manipulation humaine du virus rend la prudence plus nécessaire encore.

Fox News note toutefois que les différentes agences tombent au moins d'accord sur un point: le Covid-19 n'est pas issu d'un programme chinois d'armes biochimiques.

La colère de Pékin

Sans surprise, la sortie de Christopher Wray n'a pas plu à la Chine. Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a réagi à ses propos lors d'un point-presse. "Le FBI "ressort cette théorie d'une fuite de laboratoire, ce qui n'est en aucun cas en mesure de discréditer la Chine, mais ne fait qu'entamer encore davantage sa propre crédibilité", a-t-elle dit.

"Etant donné les mensonges, les tromperies et les innombrables méfaits commis par les services de renseignement américains, leurs conclusions n'ont absolument aucune crédibilité", a-t-elle encore ajouté.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV