Courte avance pour le bloc de Maliki en Irak

par Souadad al Salhy BAGDAD - L'alliance du Premier ministre irakien Nouri al Maliki, l'Etat de droit (EDD), conservait jeudi soir une courte...

par Souadad al Salhy

BAGDAD (Reuters) - L'alliance du Premier ministre irakien Nouri al Maliki, l'Etat de droit (EDD), conservait jeudi soir une courte avance sur la liste laïque Irakia d'Iyad Allaoui après dépouillement de 90% des bulletins des élections législatives du 7 mars.

Alors que 12 millions d'Irakiens sont inscrits sur les listes électorales, l'EDD dispose de 40.000 voix d'avance sur Irakia, ce qui augure de mois de négociations longues et difficiles pour la formation d'un gouvernement.

Le bloc de Maliki est en tête dans sept des 18 provinces irakiennes, contre cinq pour Irakia, et trois pour chacune des deux autres coalitions, celle des partis kurdes du Nord et l'Alliance nationale irakienne (ANI), regroupement de partis religieux chiites.

Ces derniers chiffres fournis par la commission électorale indépendante comprennent 70% des voix du "vote spécial", qui concerne les militaires, les policiers, les détenus, les patients et le personnel hospitaliers, qui ont tous voté avant le 7 mars.

Sont comprises également une partie des voix des Irakiens de l'étranger.

"Nous espérons en avoir terminé demain (vendredi) avec le vote spécial et celui des Irakiens de l'étranger et nous annoncerons ces résultats dans les jours qui viennent, si Dieu le veut", a déclaré un membre de la commission électorale, Kassim al Aboudi.

Les résultats officiels complets du scrutin, qui s'est déroulé dans des conditions honnêtes selon les Nations unies, devraient encore prendre plusieurs semaines.

Les partisans de Maliki comme ceux d'Allaoui ont tour à tour dénoncé des manipulations, selon que les résultats publiés allaient ou non dans leur sens.

FRAUDE SYSTÉMATIQUE PRATIQUEMENT IMPOSSIBLE

Donné d'abord en tête, Maliki est passé ensuite en deuxième position en nombre de voix, mais Allaoui, qui fut Premier ministre en 2004 et 2005, a perdu son léger avantage avec la diffusion de nouveaux résultats mercredi soir.

Quelle que soit l'issue finale, le bon score d'Iyad Alloui, notamment parmi la minorité sunnite qui déplore la domination chiite depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, aura des retombées de taille sur la formation du prochain gouvernement et pour la stabilité dans le pays une fois que les troupes américaines se retireront.

Il est trop tôt pour dire quels partis comprendra la prochaine coalition gouvernementale, et les semaines ou mois d'âpres négociations à venir pourraient être plus tendues encore si, comme le scrutin serré le laisse penser, les résultats sont contestés par ceux qui voient la victoire leur échapper de peu.

Les responsables de la commission électorale affirment que le dépouillement s'est déroulé en toute régularité et que de nombreuses vérifications ont été effectuées pour prévenir toute fraude.

La commission a enregistré à ce jour 2.000 recours, soit moins que lors des élections provinciales de janvier 2009.

"La fraude systématique est pratiquement impossible", assure un responsable occidental, en estimant que la complexité même du nouveau système électoral constitue en soi un obstacle quasiment infranchissable pour les fraudeurs en puissance.

Les alliances de Maliki et d'Allaoui, deux vieux adversaires, devront, pour pouvoir gouverner chacune, faire alliance avec l'ANI ou avec la coalition des deux principaux mouvements nationalistes kurdes du Nord, dont l'alliance a devancé haut la main la coalition réformiste Changement.

Safia al Souhaïl, candidate de l'Etat de droit, a estimé peu probable une alliance avec Irakia. Elle a déclaré que le mouvement de Maliki explorait la possibilité de former une coalition avec l'ANI et les Kurdes.

Avec Rania El Gamal, Pascal Liétout pour le service français