Coup d’Etat au Mali : « On est tous cloîtrés chez nous »

Frontières fermées, institutions dissoutes, couvre-feu décrété : après le coup d’Etat de mercredi contre le président Amadou Toumani Touré au Mali, la population est inquiète. « Ils passent dans les rues en tirant en l’air », témoigne la présidente de l'union des Français de l'étranger au Mali.

Au Mali, des sous-officiers se sont rebellés et ont renversé le président Amadou Toumani Touré, qui serait protégé par quelques fidèles. Ils sont venus cueillir chez eux les membres de son gouvernement, des anciens ministres, et les candidats à l'élection présidentielle prévue fin avril.

3 morts et 40 blessés

Au moins 3 personnes sont mortes et une quarantaine, dont des civils, blessées. Les institutions ont été dissoutes, la Constitution suspendue, les frontières fermées et un couvre-feu nocturne décrété. Les putschistes accusent le pouvoir d'être incompétent et mou concernant la crise dans le nord du pays, en proie à une rébellion touareg et au terrorisme de la branche d'Al Qaïda au Maghreb.
La France demande le respect de l'intégrité physique du président Touré et la libération des personnes détenues.

« Le Mali déstabilisé depuis la chute de Kadhafi »

Antoine Glaser est l’ancien rédacteur en chef de La lettre du continent, une publication spécialisée sur l’Afrique francophone. « Depuis la chute du colonel Kadhafi, le Mali est déstabilisé : il y a une rébellion touareg au nord du pays, des milliers de Touaregs, qui étaient enrôlés en Lybie. L’armée malienne est absolument incapable de venir à bout de cette rébellion. Et de jeunes soldats – on voit bien que ce sont des sous-officiers –, ont pris le pouvoir ou tentent de le prendre à Bamako, parce que ce pays était totalement déstabilisé ».

« On ne sait pas combien de temps ça va durer »

Environ 5 000 Français vivent au Mali [Source: Association démocratique des Français de l'étranger]. Valérie, la présidente de l'union des Français de l'étranger au Mali, vit dans le centre-ville de Bamako, là où la situation est la plus tendue : « Les militaires putschistes tournent dans la ville avec des mitraillettes, en tirant, en disant aux gens de rentrer chez eux. On les entend passer dans les rues en tirant en l’air ; on ne peut pas sortir, il faut faire attention. Et on ne sait pas combien de temps ça va durer. Les écoles françaises sont fermées ; les Français sont tous cloitrés chez eux ; on s’appelle, sur internet, par téléphone ».

La Rédaction, avec J. Zeghoudi et R. Pour Sadjadi