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Coulée de boue au Brésil : les entreprises minières responsables

Le village de Bento Rodrigues touché par un tsunami de déchets miniers boueux après la rupture d'un barrage de la compagnie Samarco, le 6 novembre 2015 au Brésil

Le village de Bento Rodrigues touché par un tsunami de déchets miniers boueux après la rupture d'un barrage de la compagnie Samarco, le 6 novembre 2015 au Brésil - Douglas Magno, AFP/Archives

Les entreprises minières doivent "prendre leurs responsabilités" après qu'un village a été ravagé par une coulée de boue qui a fait 8 morts et 19 disparus, a déclaré jeudi la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, après un survol de la région dévastée par un tsunami de boue.

"Nous voulons d'abord faire prendre leurs responsabilités aux responsables. Qui est responsable? Une entreprise privée, la Samarco, une grande entreprise avec des partenaires comme Vale et BHP Billiton", a souligné la chef de l'Etat après avoir survolé la région dévastée dans l'Etat de Minas Gérais (sud-est).

La rupture de deux barrages de la compagnie brésilienne Samarco - détenue à parts égales par les géants miniers brésilien Vale et australien BHP Billiton - a libéré une gigantesque coulée de boue de résidus miniers et a englouti il y a juste une semaine le village de Bento Rodrigues dans l'Etat de Minas Gerais. Elle a ensuite pollué le bassin du fleuve Rio Doce sur 500 km jusque dans l'Etat voisin de Espirito Santo.

"Plusieurs lois – et je peux parler de la loi fédérale - n'ont, en réalité, pas été respectées. C'est pourquoi nous infligeons une amende préliminaire" de 250 millions de réais (67 millions de dollars) à l'encontre de Samarco, a poursuivi Dilma Rousseff.

Elle a précisé que l'amende sanctionnait les dommages causés à l'environnement, au bassin hydrographique, au patrimoine public et l'interruption de l'approvisionnement en énergie électrique. Les gouvernements régionaux et des communes touchées par la catastrophe pourraient également réclamer des amendes à leur tour. Avec l'accident, dont on ignore encore les causes, Samarco a déversé 50 millions de m2 de résidus miniers dans le Rio Doce et ses affluents.

Mercredi, les présidents de BHP Billiton et Vale, Andrew Mackenzie et Murilo Ferreira, ont visité la région et promis de soutenir Samarco. Ils ont également annoncé un fonds d'aide aux sinistrés et à leurs communes d'un montant non précisé.

Les activités de Samarco ont été suspendues par le gouvernement de l'Etat du Minas Gerais et la compagnie - la 10e exportatrice du Brésil - a mis en congés payés 85% de ses employés dans cet Etat et dans celui de Espirito Santo. Le montant de l'amende infligé à Samarco est jugé "dérisoire" par les experts, selon lesquels il faudrait au moins 260 millions de dollars.

"C'est la plus grande catastrophe environnementale de l'histoire de Minas Gerais" et "certains experts croient qu'il faudra cent ans pour réparer les dégâts", a souligné Ricardo Motta, expert à l'Université Fédérale de Minas Gerais, à la télévision Globo.

Des analystes de la Deutsche Bank ont estimé quant à eux le nettoyage de la région à un milliard de dollars. Après le survol en hélicoptère du village englouti et de la ville la plus proche, Mariana, la présidente a rencontré les autorités de villes situées sur les berges du Rio Doce où la coulée de boue et déchets miniers est arrivée, obligeant les autorités à couper l'approvisionnement en eau.

la rédaction avec AFP