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Coronavirus: aux Etats-Unis, les opposants au port du masque passent à l'offensive

Des manifestants anti-masque le 26 juin à Washington.

Des manifestants anti-masque le 26 juin à Washington. - Karen Ducey / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Les actions vont parfois loin. Dans des magasins, des clients ont ainsi agressé, verbalement voire physiquement, des membres du pesonnel et de la sécurité qui leur demandaient de porter leur masque.

Aux États-Unis, le masque est loin d'être une évidence pour tous. Dans un pays qui recense plus de 126.000 morts depuis le début de l'épidémie de coronavirus, de nombreux citoyens s'insurgent en effet de devoir porter cette protection, pourtant indispensable dans le cadre des gestes barrières et dans l'espoir de ralentir les contaminations qui dépassent les 2,5 millions outre-Atlantique.

Ces derniers jours, un extrait vidéo d'un conseil municipal à Palm Beach, en Floride, a fait le tour des réseaux sociaux. À tour de rôle, plusieurs habitants y expliquent pour quelle raison ils ne souhaitent pas porter ces masques, qui selon eux "tuent des gens."

"Je ne porte pas de masque pour la même raison que je ne porte pas de sous-vêtements, les choses doivent respirer", assure ainsi une participante, tandis qu'une autre estime que ces nouveaux règlements "mettent en doute l'incroyable système respiratoire créé par Dieu."

De nombreuses altercations

Et à la parole se sont vite joints les actes. Ces dernières semaines, les cas d'altercations parfois violentes liées au port du masque se sont multipliées aux Etats-Unis. Début mai, dans le quartier de Van Nuys, à Los Angeles, le vigile d'un grand magasin a été grièvement blessé après avoir été agressé par deux individus qui refusaient de porter un masque.

Comme le signale ABC7, l'homme a eu le bras cassé. L'un de ses agresseurs, un sans-abri, a finalement été interpellé. Selon le témoignage de l'un des collègues de l'homme blessé, il s'agirait de la quatrième bagarre dans ce même magasin pour ce motif.

Et ce cas est loin d'être isolé. En fin de semaine dernière, à Los Angeles, une femme s'est mise à hurler sur les membres de la sécurité lorsque ceux-ci lui ont demandé de porter un masque.

"Vous êtes la peste démocrate, tout autant que vous êtes", a-t-elle invectivé, avant de quitter les lieux, arguant des problèmes respiratoires.

Une autre altercation, plus violente, s'est recémment déroulée au Texas. Une cliente, qui n'a visiblement que peu apprécié les recommandations du personnel du magasin, a jeté l'intégralité de son caddie au sol et en direction des vigiles, avant de quitter les lieux en hurlant.

Parfois, les usagers sont directement touchés par ces débordements. Dans une vidéo publiée sur Twitter, mais dont la provenance n'est pas précisée, une femme, visiblement remontée contre une employée, se fait prendre à partie par d'autres consommateurs présents sur place qui lui conseillent "d'avoir un cerveau", comprendre être responsable.

Des opposants pro-Trump et friands des théories du complot

Au-delà de ces simples vidéos, le port du masque semble être devenu un véritable enjeu politique aux États-Unis. Ainsi, comme le souligne le Guardian, un récent sondage du Pew Research Center, un centre de recherche américain spécialisé dans les statistiques, les sympathisants démocrates seraient plus enclins à porter le masque que les républicains.

Depuis le début de l'épidémie, le président Donald Trump n'a été que très rarement vu portant un masque de protection, tandis que plusieurs poids lourds du parti, notamment des gouverneurs, ont semblé plus réticents à appliquer le port du masque dans les lieux publics, malgré la très forte multiplication des cas aux Etats-Unis ces derniers jours.

De nombreux réfractaires utilisent l'argument des libertés individuelles pour ne pas porter le masque. De fait, ils semblent suivre la même logique que certains groupes qui, pendant le confinement, appelaient dans certaines grandes villes à la fin de la quarantaine et à la réouverture des commerces. Leur argumentaire est également empreint de théories du complot, dont une selon laquelle l'épidémie serait en fait voulue et contrôlée à distance.

De manière plus terre-à-terre, plusieurs experts, toujours cités par le Guardian, soulignent que cette réticence à porter des masques pourrait également venir des contradictions des autorités sanitaires américaines au début de la crise du Covid-19, qui avaient assuré que le port de protections n'était pas nécessaire pour les personnes qui n'avaient pas de symptômes.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV