BFMTV
International

Corée du Sud: 30 ans de réclusion requis contre la présidente déchue Park Geun-hye

La présidente déchue Park Geun-hye Park Geun-hye arrive au tribunal de Séoul, le 25 août 2017 en Corée du Sud

La présidente déchue Park Geun-hye Park Geun-hye arrive au tribunal de Séoul, le 25 août 2017 en Corée du Sud - KIM HONG-JI, POOL/AFP/Archives

L'ex-présidente sud-coréenne Geun-hye Park risque 30 ans de réclusion criminelle et 89 millions d'euros d'amende. Déchue depuis 2016, elle est notamment accusée de corruption.

Le parquet sud-coréen a requis ce mardi 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'ex-présidente Geun-hye Park, emportée par un vaste scandale de corruption qui a mis au jour les liens malsains entre le monde des affaires et de la politique.

89 millions d'euros d'amende

La destitution de Geun-hye Park, 66 ans, avait été confirmée en mars 2017 par la plus haute cour de justice du pays.

Cela fait près d'un an qu'elle est en détention provisoire dans cette affaire centrée sur son ancienne confidente de l'ombre, son "amie de 40 ans", Choi Soon-sil.

"Nous demandons au tribunal de prononcer une sentence de 30 ans de réclusion et une amende de 118,5 milliards de wons (89 millions d'euros) contre l'accusée, qui doit être tenue pour la responsable ultime du scandale en tant que 18ème présidente de ce pays", a déclaré le parquet dans un communiqué lu à l'audience.

Pots-de-vin

Le parquet accuse Geun-hye Park d'avoir accepté ou de s'être vu promettre, en collusion avec sa confidente, des pots-de-vin pour un total de 59,2 milliards de wons de la part de trois conglomérats sud-coréens, Samsung, Lotte et SK, en échange de faveurs politiques.

L'ancienne cheffe de l'Etat est également inculpée pour avoir contraint 18 grandes entreprises à "donner" un total de 77,4 milliards de wons à deux fondations douteuses placées sous le contrôle de Choi Soon-sil.

Le tribunal du district central de Séoul a condamné récemment sa confidente à 20 ans de réclusion pour abus de pouvoir, corruption et ingérence dans les affaires de l'Etat.

"L'accusée a abusé du pouvoir qu'elle détenait du peuple pour le bénéfice personnel de Choi Soon-sil et le sien propre", a ajouté le parquet. "Elle a violé les valeurs constitutionnelles fondamentales de protection de l'économie de marché et de la liberté démocratique". "En conséquence, l'accusée est devenue la première présidente à être limogée par destitution, infligeant à l'histoire du pays une cicatrice indélébile".

La présidente déchue Park Geun-hye Park Geun-hye arrive au tribunal de Séoul, le 25 août 2017 en Corée du Sud
La présidente déchue Park Geun-hye Park Geun-hye arrive au tribunal de Séoul, le 25 août 2017 en Corée du Sud © KIM HONG-JI, POOL/AFP/Archives

Destituée par la Cour

Dans un contexte de frustrations économiques et sociales croissantes, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour réclamer son départ.

Geun-hye Park avait été destituée en décembre 2016 par l'Assemblée nationale, décision confirmée trois mois plus tard par la Cour constitutionnelle. Cela avait permis du même coup la levée de son immunité présidentielle et son inculpation.

Relations malsaines

Le scandale avait mis au jour les accointances troubles entre les élites politiques et économiques. Les chaebols, empires familiaux tentaculaires, sont les moteurs d'une économie sud-coréenne florissante. Des groupes comme Samsung ou Hyundai ont joué un rôle crucial dans le "miracle" économique des années 1960 et 1970 qui a métamorphosé le pays ravagé par la guerre.

Le parquet a accusé Geun-hye Park "de s'être alliée avec les chaebols plutôt qu'avec le peuple" et d'avoir aggravé "les relations malsaines entre les pouvoirs politique et économique".

Une justice "partisane"

Début février, la justice sud-coréenne a libéré l'héritier de l'empire Samsung, Lee Jae-Yong, jugé dans le même scandale. Sa condamnation a été confirmée en appel mais la peine a été ramenée à du sursis. C'était le troisième membre du clan familial à bénéficier de la clémence des tribunaux.

L'ancienne présidente conservatrice quant à elle, refuse de se présenter à l'audience depuis octobre, accusant la justice d'être partisane. Sa disgrâce avait précipité en mai 2017 une élection présidentielle anticipée qui avait débouché sur la victoire facile du candidat de centre-gauche Moon Jae-in.

La cote de popularité de ce dernier reste élevée en Corée du Sud, principalement à cause de son image d'homme du peuple, de ses politiques favorables aux plus défavorisés, de sa volonté de dialoguer avec le Nord, à quoi s'ajoute des jeux Olympiques d'hiver réussis.

M. F. avec AFP