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Contestation au Liban: des centaines de milliers de manifestants ce dimanche

Manifestants le 20 octobre 2019 à Saïda, au Liban

Manifestants le 20 octobre 2019 à Saïda, au Liban - Mahmoud Zayyat - AFP

Depuis quatre jours, ce mouvement de protestation a gagné tout le pays. Les manifestants réclament le départ d'une classe politique accusée d'incompétence et de corruption.

Les Libanais étaient des centaines de milliers dimanche à réclamer dans une ambiance festive le départ d'une classe politique accusée d'incompétence et de corruption, une mobilisation inédite qui devrait conduire le gouvernement à annoncer lundi la mise en oeuvre de réformes longtemps attendues. Il s'agit du quatrième jour de ce mouvement de contestation.

Le mouvement, qui a gagné de nombreuses villes y compris la capitale Beyrouth et paralysé le pays, a été déclenché de manière spontanée jeudi par l'annonce d'une taxe sur les appels effectués via WhatsApp. Une décision annulée aussitôt sous la pression de la rue.

"Le peuple veut la chute du régime"

Mais les manifestations, rassemblant des ouvriers, des universitaires, des commerçants, des étudiants, des jeunes et des moins jeunes, et de toutes les confessions, n'ont pas cessé depuis, jour et nuit. De Tripoli et Akkar, dans le nord, à Baalbeck dans l'est en passant par de nombreuses localités côtières et jusqu'à Tyr et Saïda dans le Sud et le Chouf dans l'Est, les Libanais ont défilé pour exprimer leur ras-le-bol.

Sous une nuée de drapeaux libanais, les manifestants crient "Révolution, révolution" ou "le peuple veut la chute du régime", slogans phares du Printemps arabe.

Depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), la classe politique, quasi inchangée, est accusée d'affairisme dans un pays aux infrastructures en déliquescence - pénurie chronique d'électricité et d'eau potable - et où la vie est chère. 

Un ultimatum fixé par le Premier ministre

Jour de repos, dimanche a été propice à la mobilisation, à la veille de l'expiration d'un ultimatum fixé par le Premier ministre Saad Hariri à son propre gouvernement. Son but : obtenir l'approbation des membres de sa coalition pour un vaste plan de réformes jusque-là bloqué par les divisions politiques.

Les principaux dirigeants ont répondu dimanche à cet ultimatum, acceptant notamment de ne plus imposer de nouveaux impôts et un programme de privatisations, a indiqué à l'AFP un responsable du gouvernement sous couvert de l'anonymat. Un conseil des ministres devrait endosser formellement ce plan lundi matin, en présence du président Michel Aoun.

Allié de Saad Hariri, le parti des Forces Libanaises a lui annoncé samedi la démission de ses quatre ministres, une initiative accueillie dans la liesse par les manifestants. Mais le slogan "Tous veut dire Tous" a été aussitôt crié, pour dire leur exigence d'un départ de toute la classe politique.

Plus du quart de la population sous le seuil de pauvreté

Fermées depuis vendredi, les banques n'ouvriront pas non plus lundi, selon l'agence nationale d'information (ANI). Le mouvement paralyse également des institutions publiques et de nombreux magasins.

Les Libanais expriment leur ras-le-bol face à des conditions de vie de plus en plus difficiles alors que la crise économique s'aggrave dans un pays classé 138e sur 180 dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International.

Plus du quart de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque Mondiale, alors que la dette publique culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.

S. V. avec AFP