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Comment une jeune Yazidie est parvenue à échapper à Daesh

Une jeune Yazidie attend son tour pour recevoir de la nourriture, le 13 août 2014, dans le Kurdistan irakien où elle s'est réfugiée avec sa famille pour fuir l'Etat islamique. (photo d'illustration)

Une jeune Yazidie attend son tour pour recevoir de la nourriture, le 13 août 2014, dans le Kurdistan irakien où elle s'est réfugiée avec sa famille pour fuir l'Etat islamique. (photo d'illustration) - Ahmad Al-Rubaye - AFP

Enlevée et réduite en esclavage par les jihadistes de l'Etat islamique, une Yazidie âgée de 15 ans est parvenue à s'enfuir. Et à survivre. Elle a raconté son calvaire à un journaliste d'Associated Press.

Elle fait partie des 300 femmes yazidies que les jihadistes de Daesh auraient vendues en tant qu'esclaves, selon les chiffres du ministère irakien des droits de l'Homme. Une jeune Yazidie de 15 ans, dont l'identité n'a pas été dévoilée dans le but de protéger sa famille, a raconté à l'agence Associated Press comment elle a réussi à échapper à ceux à qui les jihadistes de l'Etat islamique l'avaient vendue, après l'avoir enlevée. Récit.

Vendue en Syrie

Comme des dizaines d'autres femmes, cette jeune fille a été enlevée par le groupe islamiste lors de son avancée dans la région du Mont Sinjar, en Irak, où vivent de nombreux membres de la communauté yazidie. Plusieurs rescapées ayant parvenu à fuir leurs bourreaux ont raconté avoir été vendues dans les fiefs de l'Etat islamique, et violées pour la plupart. Parmi les victimes, des enfants, qui n'étaient âgés que de cinq ans pour certains.

Emmenée dans un premier temps dans la ville de Tal Afar, où elle a été emprisonnée jusqu'au début des frappes aériennes américaines, la jeune Yazidie a ensuite été conduite à Mossoul, grande ville irakienne tombée aux mains de l'Etat islamique. Avant d'être finalement transportée jusqu'à Raqqa, le fief syrien de Daesh, où les jihadistes vendent les filles et les femmes qu'ils ont enlevées, comme des esclaves. "J'ai été vendue en Syrie. Je suis restée cinq jours avec mes deux sœurs, puis une d'entre elles a été vendue et ramenée à Mossoul. Et moi je suis restée en Syrie", raconte la jeune fille.

Deux fois en fuite

L'adolescente explique avoir ensuite été mariée de force à un Palestinien, qu'elle a tué après avoir réussi à se procurer un revolver. Cherchant à fuir mais n'ayant nulle part où aller, la jeune Yazidie est finalement retournée à son premier lieu de détention. Par chance, les combattants de l'Etat islamique ne l'ont pas reconnue. Mais ils l'ont vendue une seconde fois, pour moins de 800 euros, à un Saoudien ayant rejoint les rangs de Daesh.

"Tu deviendras musulmane, et je t'épouserai", lui a certifié cet homme. Effrayée à l'idée de devoir renoncer à sa religion, la jeune fille s'est enfuie une seconde fois, après avoir versé une drogue dans le thé préparé à son "maître" et ses complices, et est parvenue à rejoindre la Turquie, grâce à un automobiliste ayant accepté de l'y emmener.

Femmes et enfants yazidis, le "butin de guerre" de Daesh

Coïncidence, la publication de ce témoignage intervient alors que l'Etat islamique affirme, dans la dernière édition de son magazine de propagande, Dabiq, avoir offert à ses combattants les femmes et enfants capturés dans le nord de l'Irak, comme "butin de guerre". C'est la première fois que Daesh reconnaît aussi explicitement détenir et vendre des Yazidis comme esclaves, en disant se baser sur une sunna, une loi de Dieu, pour justifier cette traite.

Ainsi, dans un article intitulé "La relance de l'esclavage avant l'heure", le magazine explique que l'esclavage des personnes considérées comme ayant des croyances "déviantes" a redonné du sens à un aspect de la charia. Dabiq indique par ailleurs que "les gens du Livre" (les adeptes des religions monothéistes comme les chrétiens et les juifs, ndlr) pouvaient échapper à ce sort car ils ont la possibilité de verser une taxe appelée "jizya" ou de se convertir, mais cela n'a pas été appliqué aux Yazidis.