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Comment la presse chinoise traite la révolution des parapluies?

Outre les réseaux sociaux, bloqués par le gouvernement, la presse délivre une information censurée (photo d'illustration).

Outre les réseaux sociaux, bloqués par le gouvernement, la presse délivre une information censurée (photo d'illustration). - Xaume Olleros - AFP

Alors que les manifestations semblent s'enliser à Hong Kong, les médias chinois accuse les étudiants et les leaders du mouvement Occupy Central de "ruiner" l'image de la région. Censure à l'appui.

“Vouée à l’échec”, la révolution des parapluies? C’est en tout cas ce qu’on pouvait lire dans l’édito du Global Times lundi, au lendemain du premier week-end des manifestations pro-démocratie à Hong Kong. Un ton perceptible dans tous les médias officiels chinois, qui s’attachent à donner au mouvement Occupy Central un tout autre visage, façonné par les déformations, le silence et la censure.

Dans la presse, les déformations...

L’agitation "ruine l'image de Hong Kong", “les opposants se retrouveront dans une impasse”, “la stabilité fondamentale de Hong Kong ne sera pas détruite”. Depuis lundi, les messages des éditos du Global Times, un journal officiel chinois, n’ont pas changé. L’éditorialiste va même jusqu’à minimiser dans son titre le bruit que font ces manifestations, alors que le monde entier a les yeux rivés sur les parapluies hongkongais et que le mouvement s'enlise.

Dans le China Daily, l’éditorialiste qualifie les leaders du mouvement Occupy Central d’"extrémistes politiques". Le quotidien les accuse même de vouloir "profiter de l'idéalisme et de l'enthousiasme des étudiants pour promouvoir une avancée démocratique". Là aussi, le journal laisse entendre que la tentative est "désespérée".

Quant à la télé chinoise, en plus de diminuer le nombre de participants aux manifestations, elle en modifie le sens, affirmant qu'elles sont favorables aux décisions du gouvernement chinois.

… Et le silence

Contrairement aux médias hongkongais, les journaux chinois restent à peu près silencieux sur les manifestations d’Occupy Central. Seuls des éditos et quelques dépêches de l'agence officielle Xinhua ont été publiés.

Le Quotidien du peuple, l’organe de presse du Parti communiste chinois, avait d’abord choisi de rester muet et de ne pas traiter ce sujet dans ses pages. Depuis quelques jours, des dépêches de l’agence de presse chinoise apparaissent pourtant sur son site, dans sa version en anglais. Toutes sont biaisées et rappellent que ces rassemblements sont “illégaux”. Citations gouvernementales à l’appui.

Créer une peur des Etats-Unis

Confrontés à la couverture médiatique du mouvement dans le monde entier, certains journaux chinois ont tenu à adresser leurs réponses, notamment aux Etats-Unis. C'est le cas du Huanqiu Wang. Selon Courrier International, ce site officiel condamne l'attitude des Américains, qui sont "en train de changer discrètement la couleur de Hong Kong par des actions dangereuses". Le site, connu pour ses positions nationalistes, va jusqu’à affirmer que le directeur du Hong Kong America Center, qui se trouve dans l’université chinoise de la région, serait un espion américain.

Sur les réseaux sociaux, la censure

Qu'en est-il des réseaux sociaux? Selon China Digital Times, un site qui assure un suivi de la propagande chinoise, les autorités auraient ordonné à tous les sites internet chinois d'enlever les informations sur le mouvement Occupy Central, y compris tous les hashtags #OccupyCentral et #HongKong du réseau social chinois Weibo.

Depuis, l'application Instagram a elle aussi été bloquée. Le but? Empêcher les internautes hongkongais de répandre des milliers de photos sur la toile. Mais il sera difficile d'empêcher les médias étrangers de prendre le relais.

Aude Deraedt