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Chine: 570.000 Ouïghours enrôlés dans le travail du coton, selon un rapport

Des manifestants protestant contre le traitement des musulmans ouïghours en Chine le 1er octobre 2020 à Istanbul

Des manifestants protestant contre le traitement des musulmans ouïghours en Chine le 1er octobre 2020 à Istanbul - Ozan KOSE © 2019 AFP

En 2018, trois zones du Xinjiang ont enrôlé au moins 570.000 personnes pour la cueillette du coton dans le cadre d'un programme obligatoire géré par l'Etat, affirme le Center for global policy (CGP).

Au moins 570.000 membres de l'ethnie musulmane des Ouïghours ont été enrôlés dans un programme coercitif de ramassage du coton au Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, accuse une étude américaine, d'après des révélations de Libération.

Les autorités ont engagé dans cette région une politique de surveillance maximale après de nombreux attentats meurtriers, commis contre des civils et attribués à des séparatistes et islamistes ouïghours.

Des organisations de défense des droits de l'Homme accusent Pékin d'avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des "camps de rééducation". Pékin parle de "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux.

20% de la production mondiale de coton

En 2018, trois zones du Xinjiang ont enrôlé au moins 570.000 personnes pour la cueillette du coton dans le cadre d'un programme obligatoire géré par l'Etat, affirme le Center for global policy (CGP).

Ce cabinet de réflexion américain affirme se baser sur des documents des autorités chinoises, publiés sur internet. D'après lui, le nombre réel pourrait même être bien plus élevé. Le Xinjiang représente environ 20% de la production mondiale de coton.

Selon la Chine, l'ensemble des "étudiants" ayant fréquenté les "centres de formation" ont "terminé leurs études". Des rapports accusent toutefois Pékin d'en obliger certains à accepter des emplois, souvent manuels.

Le Center for global policy (CGP) affirme que les participants à ce programme étatique font l'objet d'une étroite surveillance policière et doivent suivre des cours d'idéologie.

"Certains membres de minorités ethniques peuvent manifester un certain degré de consentement (...) et en tirer un avantage financier", note le chercheur allemand Adrian Zenz, auteur du rapport. "Cependant (...) il est impossible de définir où s'arrête la coercition et où peut commencer le consentement."

Négation des autorités chinoises

Le rapport affirme que les autorités sont vivement encouragées par l'Etat à appliquer le programme, afin d'augmenter les revenus en milieu rural et ainsi remplir leurs objectifs en matière de réduction de la pauvreté.

Interrogé mardi lors d'un point presse régulier, Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a assuré que les travailleurs étaient libres de signer leurs contrats de travail "selon leur propre volonté".

Il a accusé Adrian Zenz, auteur de plusieurs rapports sur les Ouïghours, de "fabriquer des mensonges" et d'être "l'épine dorsale d'instituts de recherche anti-Chine, créés et pilotés par le renseignement américain".

Début décembre, les Etats-Unis ont interdit certaines importations de coton provenant du Xinjiang, issues selon eux du "travail forcé".

Cy.C avec AFP