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Charlottesville: qui sont les miliciens armés qui patrouillaient en marge du défilé?

Alors que le gouverneur de l'État de Virginie s'est inquiété de la présence samedi à Charlottesville de groupes armés "mieux équipés que la police", le commandant de l'une de ces milices assure s’être déplacé en tant que force "neutre" pour "défendre" la liberté d'expression.

Des hommes en tenue paramilitaire, munis de fusils semi-automatiques, ont patrouillé ce samedi à Charlottesville, petite bourgade de Virginie, en marge du rassemblement de plusieurs groupuscules d’extrême droite. Il ne s'agissait pas des forces d'intervention spéciales américaines, mais bien... de miliciens auto-organisés. D'autres manifestants isolés portaient ouvertement des armes -comme le permet la loi dans cet État-, des bâtons, ou encore des boucliers.

Rapidement, des organisations favorables à la régulation des armes à feu aux États-Unis sont montées au créneau.

"Le racisme et les lois laxistes sur les fusils sont une dangereuse combinaison", pointait samedi l’association "Everytown" sur Twitter. 

Une autre association, "Moms Demand Action" a de son côté dénoncé une technique "d’intimidation" de la part des groupuscules d’extrême droite qui s’étaient initialement réunis pour protester contre le projet de retrait d’une statue du général confédéré Robert Lee, considéré comme l’un des défenseurs de l’esclavagisme. 

"Il ne suffit que d'une personne pour déclencher le feu"

Le professeur de science politique de l'Université de Virginie, William Antholis, s'est également étonné du nombre d'armes exhibées. Dimanche, il a assuré au quotidien israélien Haaretz ne pas "se souvenir d’avoir déjà vu une manifestation dans laquelle des douzaines de personnes étaient sorties armés".

"Cela a rendu la situation très tendue et dangereuse, parce que lorsque des groupes rivaux protestent les rues, et que beaucoup de personnes ont des armes, il ne suffit que d'une personne pour déclencher le feu", a-t-il précisé. 

Le rassemblement a en effet attiré des contre-manifestants donnant lieu à de nombreuses échauffourées. Une femme de 32 ans est morte et une vingtaine de personnes blessées après qu’une voiture a foncé dans un groupe de militants antiracistes.

"Ils ont un meilleur équipement que notre police d’État"

Vivement critiquées pour leur incapacité à éviter les débordements, les autorités ont également souligné la complexité de la situation étant donné le nombre d'armes visibles.

"C’est aisé de critiquer, mais je peux vous dire que 80% des personnes là-bas avaient une arme semi-automatique", a indiqué le gouverneur de Virginie, Terry McAuliffe, comme le rapporte Business Insider.

"Vous avez vu les milices dans la rue, on aurait dit qu’il s’agissait d’une armée... (…) Ils ont un meilleur équipement que notre police d’État", a-t-il poursuivi, précisant qu'aucun tir d'arme à feu n'a été enregistré.

Pour le moment, la rédaction de BFMTV n'a pas réussi à déterminer si les hommes vêtus de treillis faisaient partie ou non d'une seule et même milice. Plusieurs d’entre eux sont en tout cas des membres du groupe "Pennsylvania Light Foot Militia", dont le leader, Christian Yingling, s’est exprimé dans une vidéo publiée sur Facebook. Selon lui, ses hommes ont effectué "un convoi" vers Charlottesville samedi en tant que force "neutre". "Notre mission était d’aider les gens à exercer leurs droits stipulés dans le premier amendement", a-t-il précisé au Washington Post

Une opposition au "Nouvel ordre mondial"

Également contacté par le quotidien américain, Brian Moran, le secrétaire chargé de la sécurité publique dans l’État de Virginie s’est inquiété de ce groupe, qui aurait pu, selon lui, être confondu avec la garde nationale de Virginie, qui a été déployée ce weekend.

D’après le Washington Post, la Pennsylvania Light Foot Militia est l’une des nombreuses "Light Foot Militia" dans le pays, groupes auto constitués qui se targuent de protéger les citoyens américains.

L’ONG Southern Poverty Law Center, qui surveille les groupes extrémistes aux États-Unis classe dans sa liste des "milices antigouvernementales" la Pennsylvania Light Foot Militia. "En général, ces groupes se définissent par opposition au 'Nouvel ordre mondial', s'engagent dans des théories conspirationniste sans fondement, ou défendent ou adhèrent à des doctrines antigouvernementales extrêmes", indique l'ONG.

Maëva Poulet