Ce que l'on sait de la mort de deux personnes, dont un Français, à bord de jet-skis au large de l'Algérie

Deux personnes, dont un ressortissant français, sont mortes mardi alors qu'elles faisaient une sortie en jet-ski entre amis au Maroc. Elles auraient dérivé vers les eaux algériennes, où les occupants d'un zodiac algérien leur auraient tiré dessus, selon le récit de l'un d'entre eux.

Deux hommes, dont un ressortissant français, sont morts mardi dans alors qu'ils faisaient une sortie en jet-ski entre amis au Maroc. Partis de la côte marocaine, ils auraient dérivé vers les eaux algériennes, où des occupants d'un zodiac algérien leur auraient tiré dessus, selon le récit de l'un d'entre eux.

• Que s'est-il passé mardi?

Mardi soir, quatre hommes sont partis du Maroc pour faire du jet-ski près de la ville côtière de Saïdia, dans le nord-est du pays. "Vers 17h30, nous nous sommes égarés. Nous manquions d’essence pour les jet-skis et nous dérivions. Dans le noir, nous nous sommes retrouvés dans les eaux algériennes", a raconté l'un d'entre eux, Mohamed Kissi, au média marocain proche du pouvoir Le 360.

Carte du Maroc et de l'Algérie, représentant la ville de Saïdia, au large de laquelle un Français a été tué en jet-ski © BFMTV

Selon son récit, un zodiac sur lequel le mot "Algérie" était visible s'est approché d'eux et, alors qu'ils tentaient de regagner les côtes marocaines, les occupants du bateau ont commencé à leur tirer dessus.

• Quel est le bilan?

Si Mohamed Kissi s'en est tiré, au moins un des vacanciers, un ressortissant français, a été tué, selon le ministère français des Affaires étrangères. Il s'agit de son frère, Bilal Kissi. Selon nos informations, un autre homme, un ressortissant marocain, Abdelali Mechouer, a aussi été tué. Sa dépouille n'a pas été récupérée par sa famille, selon les médias marocains.

Mustafa Mechouer, le père de Abdelali Mechouer, a indiqué à Reuters présumer que son fils est mort mardi et vouloir l'enterrer. "J'appelle les autorités marocaines et algériennes à trouver un accord pour ramener mon fils pour qu'on lui offre des funérailles et un enterrement dignes de ce nom", a-t-il déclaré.

Le quatrième vacancier, un ressortissant français, a été incarcéré en Algérie, a annoncé vendredi le ministère français des Affaires étrangères.

• Comment réagissent les pays concernés?

"Le centre de crise et de soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et nos ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact étroit avec les familles de nos concitoyens, à qui nous apportons tout notre soutien. Nous leur avons exprimé nos condoléances", a déclaré le Quai d'Orsay ce vendredi.

Le ministère a ajouté être en contact avec les autorités marocaines et algériennes et que le parquet de Paris a été "avisé" de la situation. "Il appartiendra à la justice de faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame", a souligné le Quai d'Orsay.

Ni l'Algérie, ni le Maroc, n'ont réagi à cette affaire. Interrogé jeudi par la presse locale, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, n'a fait aucun commentaire, se bornant à répondre qu'il s'agit "d'une affaire qui relève de la compétence du pouvoir judiciaire". Selon le média marocain Al Omk, une enquête a été ouverte par le parquet marocain sur la mort de Bilal Kissi.

• Quelles sont les relations entre le Maroc et l'Algérie?

L'affaire intervient dans un contexte de relations très tendues entre le Maroc et l'Algérie. Leurs frontières sont fermées depuis 1994 et l'Algérie a rompu ses liens diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat d'"actes hostiles", une décision "complètement injustifiée" selon Rabat.

Ces tensions viennent notamment de la situation au Sahara occidental, une région disputée par le Maroc et le Front Polisario, un mouvement armé qui y a proclamé en 1976 la République arabe sahraouie démocratique. L'Algérie soutient le Front Polisario.

La récente reconnaissance par Israël de la "souveraineté marocaine" sur le territoire du Sahara occidental a ravivé les tensions avec Alger qui a dénoncé une "violation flagrante du droit international".

Sophie Cazaux