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Burkina: situation calme à Ouagadougou malgré les tensions politiques

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La situation était calme samedi en fin de journée à Ouagadougou, les habitants débattant sans inquiétude apparente des derniers événements en dépit des tensions politiques qui agitent le Burkina Faso.

La circulation avait repris de manière plus dense que ces derniers jours, lorsque la ville avait été le théâtre de manifestations violentes et de pillages. Les petites boutiques de quartier ont rouvert, notamment les restaurants de poulet grillé prisés des Ouagalais.

Cependant le grand marché de la ville et les banques sont restés fermés. Dans les rues, les habitants, radios collées à l'oreille pour écouter les derniers commentaires, discutaient par petits groupes de la situation. Le lieutenant-colonel Isaac Zida a été adoubé à la mi-journée par l'armée comme chef d'un régime de transition après la chute du président Compaoré, chassé vendredi par une insurrection populaire.

Mais l'opposition et la société civile ont refusé dans l'après-midi une "confiscation" du pouvoir par l'armée et appelé à un nouveau rassemblement dimanche matin sur la place de la Nation, haut lieu des manifestations populaires à Ouagadougou qui ont fait fuir Blaise Compaoré. Place de la Nation, rebaptisée "place de la Révolution" - comme au temps de l'ex-président Thomas Sankara dans les années 1980 -, de nombreux jeunes s'étaient rassemblés pour parler. Plusieurs habitants interrogés par l'AFP étaient déterminés à ne pas laisser le pouvoir aux militaires et se disaient prêts à manifester dimanche.

"Nous sommes totalement contre la prise de pouvoir par les militaires", a déclaré Salif Ouedraogo, un agent d'assurances de 38 ans. "Nous réclamons un civil à la tête de l'Etat et demain nous allons nous regrouper Place de la Révolution pour dire non au pouvoir militaire, même s'il faut que le peuple saigne davantage".

"Nous sommes prêts à mourir pour sauver le pays d'une nouvelle dictature militaire!", a-t-il ajouté. Adama Zongo, un commerçant de 30 ans, s'est dit "inquiet, parce que le lieutenant-colonel Zida était un proche de Compaoré. Ce sont les mêmes personnes qui sont au pouvoir. Pourtant ce sont nous, les civils, qui avons mené la lutte". Gildas Zongo, un étudiant de 25 ans, se montrait plus conciliant avec le nouveau pouvoir militaire: "On doit lui laisser le temps (à Zida), lui faire un peu confiance. Ceux qui ne veulent pas un militaire au pouvoir, ils veulent mettre qui?"

K. L. avec AFP