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Burkina Faso: un groupe d'officiers annonce la fermeture des frontières

Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, le 26 juillet 2014.

Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, le 26 juillet 2014. - Sia Kambou - AFP

Contraint à la démission vendredi par une contestation populaire sans précédent, le président burkinabè Blaise Compaoré a quitté Ouagadougou pour le sud du pays. Le chef d'état-major de l'armée, le général Nabéré Honoré Traoré, s'est aussitôt déclaré "chef de l'Etat".

Situation confuse au Burkina Faso, où certains parlent déjà d'un "Printemps burkinabé", ou d'un "Printemps noir". Chassé par la rue, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré a annoncé qu'il quittait le pouvoir, vendredi, après 27 ans à la tête du pays, dans un communiqué lu sur une télévision locale. Alors que le chef d'état-major de l'armée a a annoncé assumer les fonctions de chef de l'Etat, vendredi soir, un groupe d'officiers a dit "prendre le destin du pays en main", en annonçant la fermeture des frontières et la mise en place prochaine d'un "nouvel organe de transition". Retour sur les événements de la journée. 

"Elections libres et transparentes" d'ici 90 jours

"Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (...), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition", a déclaré Blaise Compaoré dans un communiqué lu à la mi-journée par une journaliste à la télévision privée BF1.

Cette transition devra "aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours", a ajouté Blaise Compaoré, qui a quitté Ouagadougou pour le sud du pays, selon la diplomatie française. "Il est parti vers le sud. Il est toujours dans le pays. Il va vers Pô", ville proche de la frontière avec le Ghana, a-t-on indiqué à Paris.

Le président François Hollande a salué dans un communiqué cette décision "qui permet de trouver une issue à la crise", tout en appelant "au calme et à la retenue l'ensemble des acteurs".

Traoré jugé très proche du président sortant

Le chef d'état-major de l'armée burkinabè, le général Nabéré Honoré Traoré, a ensuite annoncé qu'il "assumera" les "responsabilités de chef de l'Etat". L'officier supérieur affirme agir "conformément aux dispositions constitutionnelles".

Cette annonce va à l'encontre de la volonté de dizaines de milliers de manifestants, qui alors qu'ils manifestaient vendredi matin devant l'état-major pour réclamer l'aide de l'armée contre Blaise Compaoré, s'étaient formellement prononcés contre le général Traoré, considéré comme trop proche du chef de l'Etat sortant.

"Nouvel organe de transition"

Mais dans la soirée de vendredi, un groupe d'officiers burkinabè est venu contredire cette déclaration en annonçant la mise en place prochaine "d'un nouvel organe de transition" pour un retour le plus rapide possible à l'ordre constitutionnel, demandant le soutien de la communauté internationale, dans un communiqué.

"Nous, forces vives de la nation (...) avons décidé que la Constitution du 2 juin 1991 est suspendue", affirme le texte signé du lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida. Le communiqué promet la mise en place d'un "nouvel organe" pour gérer une transition, "la plus brève possible", et demande "l'accompagnement" de la communauté internationale "pour un retour rapide à une vie constitutionnelle normale". Un autre communiqué, également signé par le lieutenant-colonel Zida, fait état de "la fermeture des frontières aériennes et terrestres" du pays.

Un projet de révision constitutionnelle à l'origine de la crise

C'est l'annonce d'un projet de révision constitutionnelle, qui aurait permis à Blaise Compaoré -arrivée au pouvoir lors d'un putsch en 1987, élu pour deux septennats puis deux quinquennats- de se représenter à la présidentielle en 2015, qui a jeté des centaines de milliers de Burkinabè refusant un "président à vie" dans la rue.

Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s'est enflammé jeudi. Cette crise a provoqué l'intervention des militaires, puis du président Compaoré dans la nuit, créant la confusion. Le chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, dans un communiqué lu par un officier, a annoncé la création d'un "organe de transition", chargé des pouvoirs exécutifs et législatifs, dont l'objectif est un retour à l'ordre constitutionnel "dans un délai de douze mois". 

C. P. avec AFP