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Brisbane: Poutine au coeur d'un G20 sous haute tension

Vladimir Poutine et François Hollande, lors d'une rencontre en octobre, doivent se revoir, ce week-end en Australie, à Brisbane, dans le cadre du G20.

Vladimir Poutine et François Hollande, lors d'une rencontre en octobre, doivent se revoir, ce week-end en Australie, à Brisbane, dans le cadre du G20. - Daniel Dal Zennaro - AFP

Le rôle trouble joué par la Russie dans la crise ukrainienne risque de peser lourd dans les débats du G20 qui s'ouvre ce samedi à Brisbane, en Australie. La controverse sur les navires Mistral  français vendus à Moscou par Paris va alimenter le débat, Poutine et Hollande devant se rencontrer à ce sujet.

C'est un G20 particulièrement tendu, aux relents de guerre froide, qui débute ce samedi à Brisbane, en Australie. Pour ce rendez-vous international incontournable, Vladimir Poutine a fait le déplacement, alors que la Russie est toujours vivement critiquée pour son rôle controversé dans la crise ukrainienne.

La situation de François Hollande, arrivé en Australie vendredi et qui débute par la même occasion une tournée d'une semaine en Océanie, n'est guère plus enviable: l'ultimatum fixé par Moscou à la France pour qu'elle livre le premier des deux navires Mistral commandé risque de rendre les échanges houleux.

Des critiques, et un avertissement

Dès vendredi, le Premier ministre britannique, David Cameron, a averti dans un discours devant le Parlement australien, à Canberra, que la Russie s'exposait à de nouvelles sanctions occidentales, si elle ne s'engageait pas à régler le conflit ukrainien. Le chef du gouvernement britannique, comme son homologue australien Tony Abbott, hôte du G20, ont employé des mots très fermes contre le président russe.

La Russie se comporte comme un "grand Etat agressant de plus petits Etats en Europe", a lancé le chef du gouvernement britannique, avant de se rendre à Brisbane pour ce sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays les plus puissants du monde, samedi et dimanche.

La Russie tente de "recréer la gloire perdue du tsarisme"

De son côté, Tony Abbott a dénoncé l'accroissement des activités militaires tous azimuts de la Russie, citant en particulier l'apparition de plusieurs navires de la marine russe cette semaine au nord des côtes australiennes.

"Qu'il s'agisse d'agresser l'Ukraine, qu'il s'agisse de la multiplication des vols d'avions militaires dans l'espace aérien du Japon, des pays européens, qu'il s'agisse de la force navale qui est maintenant dans le Pacifique Sud, la Russie est beaucoup plus sûre d'elle maintenant qu'elle ne l'a été depuis longtemps", a lancé le Premier ministre australien.

"La Russie serait beaucoup plus attrayante si elle aspirait à être une superpuissance pour la paix, la liberté et la prospérité, au lieu de tenter de recréer la gloire perdue du tsarisme ou de l'Union soviétique", a-t-il ajouté.

Poutine se montre opposé à "de nouveaux blocs"

Avant même son arrivée en Australie, le président russe Vladimir Poutine a pour sa part réaffirmé son opposition à la formation d'éventuels "nouveaux blocs" au sein du G20, opposant les Occidentaux aux pays émergents.

"Il me semble que cela serait vraiment mauvais si on se mettait à créer des blocs à nouveau. Ce n'est pas du tout constructif et même nuisible à l'économie mondiale", a dit l'homme fort de la Russie à l'agence de presse officielle de son pays, Tass, précisant qu'il avait "plusieurs rencontres" prévues à Brisbane, notamment avec la chancelière allemande, Angela Merkel.

Sur le terrain, la situation dégénère

L'Otan a confirmé cette semaine les affirmations de Kiev accusant la Russie d'avoir déployé des troupes et des équipements militaires russes dans les régions de l'Est de l'Ukraine contrôlées par des rebelles prorusses, ce que Moscou a farouchement nié.

De son côté, la Russie a accusé vendredi les observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) déployés en Ukraine de soutenir de facto les autorités de Kiev. Evoquant la Mission spéciale de surveillance de l'OSCE, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré: "On a l'impression que tous ses efforts ne visent qu'à apporter de l'aide et du soutien à une seule partie du conflit, les autorités officielles de Kiev". 

Quand Moscou lance un ultimatum à Paris

Moscou a par ailleurs lancé un ultimatum à Paris. Une source russe "haut placée" a déclaré à l'agence de presse Ria Novosti que Paris avait jusqu'à fin novembre pour livrer un premier navire de guerre Mistral à la Russie si elle ne voulait pas s'exposer à de "sérieuses" demandes d'indemnisations.

Ce sujet sensible devrait être abordé samedi au cours d'une rencontre bilatérale en marge du G20, à 18 heures locales (9 heures, heure de Paris), entre Vladimir Poutine et son homologue français, François Hollande.

Les Mistral, des bâtiments de projection et de commandement vendus par la France à la Russie en juin 2011 pour 1,2 milliard d'euros, sont au centre d'un imbroglio diplomatico-militaire depuis la décision de François Hollande, le 4 septembre, de lier leur livraison au règlement politique de la crise en Ukraine où la situation s'est détériorée.

Le spectre du vol MH17

La crise ukrainienne et la controverse autour des Mistral risquent de peser lourd dans les débats au G20, un forum habituellement dominé par les questions économiques entre des pays représentant 85% de la richesse mondiale.

Et ce, d'autant que les relations entre la Russie et le pays organisateur, l'Australie se sont brusquement dégradées depuis la chute de l'avion de la Malaysia Airlines (vol MH17), abattu en juillet dans une zone contrôlée par des rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine, faisant 298 morts, dont 38 Australiens.

L'avion a été abattu par un missile fourni par la Russie, selon l'Ukraine et les Occidentaux, ce que Moscou dément en montrant du doigt les troupes de Kiev.

Jé. M. avec AFP