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Brexit: record de requêtes Google pour l'obtention d'un passeport irlandais au Royaume-Uni

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"Getting an Irish passport", c'est-à-dire "Obtenir un passeport irlandais" est devenu en l'espace de 24 heures une recherche très populaire sur Google, dans les barres de recherches britanniques, depuis qu'une majorité d'entre eux a voté pour une sortie de l'Union européenne. Mais cette tendance est à prendre avec précaution.

Il y a toujours de petites histoires dans la grande et les grands événements politiques sont souvent suivis de conséquences inattendues. Le Brexit ne fait pas exception. Dès l'annonce de la victoire du camp du Brexit, ce vendredi matin, un grand nombre d'internautes britanniques ont déjà commencé à se renseigner sur Google sur les modalités d'obtention d'un passeport irlandais, afin de rester des ressortissants de l'Union européenne.

Devenir Irlandais, c'est pas sorcier

Alors que le gouvernement irlandais avait déjà embauché 200 intérimaires supplémentaires pour faire face à un afflux inhabituel de demandes de passeports irlandais, Google Trends montre dans des schémas, reproduits ici par le Belast Telegraph, un pic de popularité (atteignant les 100%) chez les Britanniques pour la recherche internet suivante: "obtenir un passeport irlandais".

La grande majorité de ces candidats potentiels à la naturalisation résident en Irlande du Nord. Obtenir un passeport irlandais permettrait ainsi à son titulaire de conserver son statut de citoyen européen et les facilités de voyager à l’intérieur de l'Union qui s’y rattachent.

Pour un Britannique, devenir Irlandais demeure une formalité très simple: il suffit d’avoir au moins un grand-parent irlandais. Six millions de Britanniques sont ainsi concernés. Pour les Nord-Irlandais, c’est encore plus aisé: tout individu né en terres irlandaises peut réclamer la nationalité de la République d'Irlande.

La méthode Google Trends pose question

Le Brexit va-t-il susciter une vague de naturalisations irlandaises? On peut en douter car il existe de nombreuses raisons de nuancer la popularité réelle des tendances indiquées par Google. Tout d’abord, si l’Irish Times remarque que sur les cinq premiers mois de l’années on relève 1.901 recherches internet visant à trouver des informations sur les démarches nécessaires à l’obtention d‘un passeport siglé "Eire" (une hausse de 25% par rapport à l’année dernière à la même époque), le site du journal irlandais pointe ensuite le fait que l’augmentation de cette requête est constante depuis 2014.

Le site de la BBC est plutôt d’humeur à relativiser également sur ce point. D’après cet article, les chiffres avancés par Google Trends sont à prendre avec des pincettes et on peut imaginer qu’un petit nombre de personnes puisse propulser une tendance en haut du classement grâce à son assiduité informatique. Sur sa page, Google Trends explique ainsi que sa méthodologie n’avance pas de valeur absolue mais ne met en lumière que des popularités relatives:

"Google Trends ajuste les données de recherche afin de faciliter la comparaison entre les termes. Si ce n'était pas le cas, les zones dont le volume de recherche est le plus élevé figureraient toujours en tête du classement. Pour effectuer cette opération, chaque point de données est divisé par le nombre total de recherches dans la zone géographique et pour la période qu'il représente afin d'obtenir une comparaison de la popularité relative. Les nombres issus de ce calcul sont ensuite mis à l'échelle sur une plage allant de 0 à 100."

Enfin, les intentions motivant les questions des internautes échappent, par bonheur, au moteur de recherches le plus célèbre du monde. Tobias Preis, professeur de science comportementale et finance à la Warwick Business School et interrogé par la BBC, rappelle que la curiosité rend parfois populaires certaines tendances sur Internet: "Par exemple, une personne opposée à l’idée de quitter l’Union européenne et une personne favorable à ce départ peuvent très bien faire une même recherche pour essayer de comprendre les positions de l’autre bord."

R.V