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Bloqué à Cuba, Farinas ne peut aller chercher son prix Sakharov

Le dissident cubain Guillermo Farinas a annoncé mardi que, faute de visa, il ne pourrait se rendre en France pour y recevoir le prix Sakharov pour "la liberté de l'esprit" que lui a décerné le Parlement européen. /Photo prise le 14 décembre 2010/REUTERS

Le dissident cubain Guillermo Farinas a annoncé mardi que, faute de visa, il ne pourrait se rendre en France pour y recevoir le prix Sakharov pour "la liberté de l'esprit" que lui a décerné le Parlement européen. /Photo prise le 14 décembre 2010/REUTERS - -

par Esteban Israel LA HAVANE (Reuters) - Le dissident cubain Guillermo Farinas a annoncé mardi que, faute de visa, il ne pourrait se rendre en France...

par Esteban Israel

LA HAVANE (Reuters) - Le dissident cubain Guillermo Farinas a annoncé mardi que, faute de visa, il ne pourrait se rendre en France pour y recevoir le prix Sakharov pour "la liberté de l'esprit" que lui a décerné le Parlement européen.

Guillermo Farinas a précisé que les autorités cubaines ne lui avaient pas fait parvenir le visa nécessaire pour sortir du territoire. "Personne n'a pris contact avec moi. C'est à présent impossible", a-t-il dit, joint par téléphone chez lui, à Santa Clara, à 270 km à l'est de La Havane.

La cérémonie aura lieu ce mercredi soir au Parlement européen, à Strasbourg. Comme pour la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo, la semaine dernière à Oslo, une chaise vide symbolisera l'absence de Guillermo Farinas.

"Je vais continuer mon combat pour la démocratie à Cuba, qu'ils me laissent partir ou pas", a déclaré Farinas.

Le dissident, docteur en psychologie et journaliste âgé de 48 ans, a mené une longue grève de la faim cette année pour réclamer la libération des prisonniers politiques cubains.

Son jeûne a duré 135 jours, au cours desquels il a frôlé la mort. Il l'a interrompu en juillet, à l'annonce de la libération de 52 dissidents incarcérés depuis 2003 dans le cadre d'un accord conclu entre l'Eglise catholique cubaine et le président Raul Castro.

A ce jour, 41 des prisonniers concernés ont été libérés. Tous, sauf un, ont accepté de s'exiler en Espagne. Selon le cardinal Jaime Ortega, qui dirige l'Eglise catholique cubaine, les autres retrouveront prochainement la liberté.

La dernière grève de la faim de Farinas, sa 23e, a joué un grand rôle dans les négociations entre les autorités cubaines et l'Eglise, et dans les pressions exercées sur La Havane par l'Union européenne et les Etats-Unis.

"Guillermo Farinas a été prêt à risquer sa santé et sa vie pour faire changer les choses à Cuba", a souligné le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, dévoilant en octobre le nom du lauréat du prix décerné chaque année depuis 1988.

Avec Guillermo Farinas, c'est la troisième fois que le prix Sakharov distingue des dissidents cubains: les "Dames en blanc" l'avaient obtenu en 2005; trois ans plus tôt, le prix avait été attribué à Oswaldo Jose Paya Sardinas.

Paya avait été autorisé à venir chercher son prix. Aucune représentante des "Dames en blanc", mères, épouses ou filles de dissidents, n'avait obtenu en revanche de visa.

Le gouvernement communiste cubain, qui considère les dissidents comme des mercenaires rémunérés par les Etats-Unis, n'a fait aucun commentaire.

Henri-Pierre André pour le service français