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Birmanie : l'urgence encore, un mois après

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La junte militaire en Birmanie filtre toujours l’acheminement de l’aide internationale. La moitié des sinistrés n’y ont pas accès.

Un mois après le passage du cyclone Nargis en Birmanie, la moitié des habitants du delta n'ont toujours pas reçu d'aide internationale. C'est ce qu'a déclaré hier, à Genève, Elysabeth Byrs, porte-parole des Nations Unies. 1,1 million de Birmans n'ont reçu aucune aide sur les 2,4 millions de personnes sinistrées par le passage du cyclone dans le pays les 2 et 3 mai derniers. Le cyclone a fait officiellement au moins 133 600 morts et disparus.

Il est très difficile pour les agences de l'ONU d'accéder aux victimes. Mais la junte militaire a répondu en niant tout blocage dans l'acheminement de l'aide.

« On a les moyens d'aider, mais on ne peut pas »

Selon Florence Bonis, la directrice des opérations en Birmanie pour Action contre la Faim, la situation en Birmanie « reste dramatique puisque plus d'un mois après le cyclone, la plupart des personnes n'ont pas de toit sur la tête et la mousson fait qu'il pleut beaucoup en Birmanie actuellement. Il reste toujours de grandes zones où les populations n'ont pas eu à manger, n'ont pas eu de distribution alimentaire. Ils ont pu en général récupérer du riz pourri dans les rizières et ils ont pu également récupérer des fruits qui flottaient encore. Ils ont fait sécher tout ça mais ça a tenu une semaine ou deux, aujourd'hui il n'y a plus rien. Il y a encore plus urgence qu'il y a quatre semaines ».

Antoine Peigney, le directeur des opérations en Birmanie pour la Croix Rouge, décrit la même situation : « Vous avez perdu un enfant, un frère, un mari, une femme, vous vivez un deuil et vous êtes sous une pluie battante. Vous n'avez rien, vous avez des cadavres autour de vous et personne ne vient vous aider. Le drame, c'est qu'on peut aider, on a les moyens d'aider, tout le monde veut aider, la communauté internationale est prête à se mobiliser, l'argent n'est pas un problème. C'est du goutte à goutte alors qu'il faudrait un corridor incessant, des avions, des bureaux installés partout, des moyens logistiques forts, des bateaux, des camions pour acheminer l'aide qui n'attend que ça d'être acheminée ».

Bloqués avec leur assainisseur d'eau

Symptomatique de cette impuissance, une équipe d'ingénieurs de la Croix Rouge est justement rentrée hier de Birmanie. Ils ont subi ce blocage de la junte militaire car ils n'ont pas pu accéder au delta. Ils ont donc du expliquer à des Birmans comment installer l'assainisseur d'eau qu'ils devaient mettre en place eux-mêmes.

Sophie Kehren, qui faisait partie de cette équipe, raconte : « On était parti pour installer une sorte de station de traitement d'eau potable pour faire de l'eau consommable mais on a jamais pu sortir de Rangoon. On n'avait pas d'autorisation de la part de la junte militaire et on s'est retrouvés bloqués. On avait 40 tonnes de matériel, donc le premier jour on a essayé de retrouver le matériel dans les différents entrepôts. Comme on a su qu'on ne pourrait pas aller sur le terrain, on a sélectionné des gens de la Croix Rouge birmane et des gens de la compagnie des eaux et on les a formés sur notre matériel ».

La rédaction et Kelly Laffin