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Biden, l'atout conservateur

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On le disait en retrait. Il fut efficace. On le pensait discret, il a su mettre à profit 35 années de Sénat pour apporter à Obama un soutien précieux : celui des conservateurs et des catholiques.

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C'est une évidence : Joe Biden fut moins populaire pendant la campagne que Sarah Palin, son alter ego républicain. Pour preuve, « seulement » 24 millions d'américains avaient suivi son discours d'introduction à la convention nationale démocrate fin août, en tant que vice-président potentiel. Ils étaient plus de 37 millions pour suivre le show de Palin !
Mais la popularité ne fait pas tout, la preuve. Joe Biden est un homme discret soit. Mais ce ténor du Sénat depuis plus de 35 ans, a sans doute su rassurer les électeurs indécis, voire conservateurs, et les convaincre de voter pour le jeune et « progressiste » Obama.

Son parcours politique
Diplômé d'histoire, de sciences politiques et de droit, Joseph Robinette Biden Jr. est sénateur du Delaware depuis 1973 (constamment réélu depuis), et président de la Commission des affaires étrangères du Sénat. Il s'est présenté à deux reprises aux élections primaires démocrates pour les présidentielles de 1988 et 2008 (c'est donc un ancien « rival » d'Obama, cette année).

Sa vie privée
Comme l'explique Catherine Durandin, directrice de recherche à l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), « Joe Biden est aussi quelqu'un qui a du mérite [comme Obama]. Ce n'est pas un enfant qui a été élevé dans la ceinture riche de Washington. C'est quelqu'un qui a ramé. Qui a été veuf jeune et qui a élevé ses enfants seul. »
A 29 ans, il perd sa femme et sa fille de 13 mois dans un accident de voiture. Il élève seul ses 2 fils, gravement blessés dans l'accident. L'aîné, capitaine dans une unité de la garde nationale du Delaware (qui pourrait être envoyée en Irak prochainement), est aujourd'hui procureur général de l'Etat. L'autre est avocat à Washington. En 1977, Joe Biden épouse en secondes noces Jill Tracy Jacobs, avec qui il a une fille en 1981.

Ses « gaffes »
Joe Biden dit ce qu'il pense. C'est d'ailleurs ce qui plait à Obama : « c'est un esprit indépendant, prêt à me contredire s'il pense que j'ai tort ». Une qualité pourtant à double tranchant. Si Joe Biden ne mâche pas ses mots, il lâche aussi quelques bourdes. Surnommé « la machine à gaffes » par le Los Angeles Times, il a par exemple déclaré, pour rallier l'électorat sudiste et blanc, qu'il était sénateur d'un ancien « État esclavagiste ».
En pleine campagne pour les primaires démocrates, Joe Biden s'en prend directement à Barack Obama. Dénonçant les lacunes de ce dernier en matière de politique étrangère, il affirme qu' « il n'est pas prêt pour la Présidence ».

Autre engagement gênant : en 2002, ce centriste du parti démocrate a voté la résolution autorisant la guerre en Irak, à laquelle Obama est farouchement opposé. Dès l'intervention américaine en 2003, il critique la politique irakienne de la Maison Blanche. Il avoue même en 2007, au sujet de son vote pour la guerre : « J'ai commis une erreur ». L'honneur est sauf.

Ce que Biden a apporté à Obama
Son expérience. En particulier dans le domaine de la politique étrangère, faiblesse reconnue du candidat démocrate. Obama compte sur le parcours de Biden, au Sénat depuis 35 ans, pour rassurer les Américains. Par ailleurs, Biden connaît tous les rouages du Congrès. Utile pour Obama, qui promet des réformes délicates à faire voter, notamment dans les domaines de l'assurance-maladie et de la politique énergétique.

Son identité religieuse. Ce catholique pratiquant, qui « ne se déplace jamais sans son chapelet », a su rassurer l'électorat catholique (presque 24% de la population américaine), souvent conservateur.

Il a également permis de séduire une partie de l'électorat ouvrier, grâce à ses origines sociales modestes - un père vendeur de voitures en Pennsylvanie, région industrielle où les « cols bleus » (surnom des ouvriers) sont nombreux.

Enfin, Biden a certainement compté dans le vote des femmes américaines. Pas évident au premier abord, lorsqu'on était directement opposé à la très médiatique Sarah Palin et que l'on occupe le poste de Vice président que beaucoup promettaient à l'ex first-lady Hillary Clinton. Mais le Sénateur du Delaware avait un atout maitre : il est l'auteur d'une célèbre loi contre les violences envers les femmes, adoptée en 1994.

La rédaction