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Benoît XVI en Espagne, où il va consacrer la Sagrada Familia

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par Nigel Davies BARCELONE (Reuters) - Plus d'un siècle après sa mise en chantier, le pape Benoît XVI consacrera dimanche en tant que basilique la...

par Nigel Davies

BARCELONE (Reuters) - Plus d'un siècle après sa mise en chantier, le pape Benoît XVI consacrera dimanche en tant que basilique la Sagrada Familia, cathédrale inachevée du talentueux architecte catalan Antonio Gaudi, devenue l'emblème de Barcelone.

Le souverain pontife a entamé sa visite en Espagne samedi par un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, où il a incité l'Europe à ne pas sacrifier son riche héritage spirituel sur l'autel du matérialisme.

Le temps fort de sa brève visite en Espagne sera toutefois la messe qu'il célébrera à la Sagrada Familia (Sainte Famille), un édifice dont la construction a été entamée il y a 128 ans par Gaudi, dont les oeuvres ont marqué la Catalogne, mais dont les flèches restent inachevées.

Jordi Bonet Armengol, architecte en chef de la cathédrale et septième successeur de Gaudi, mort en 1936, escompte que la venue du pape donnera le coup de fouet nécessaire pour parvenir à achever l'ambitieux édifice, dont le financement est assuré par des donations privées et les billets d'entrée.

Si les catholiques fervents se réjouissent de la visite du pape à Barcelone, à partir de ce samedi soir, celle-ci ne fait pas l'unanimité. Elle est critiquée aussi bien par les homosexuels dénonçant la discrimination de l'Eglise à leur égard que par les Barcelonais se plaignant des nuisances causées par la venue du souverain pontife.

"Il y a toutes sortes de protestations, mais nous vivons en démocratie et il faut laisser les croyants en profiter", confie Petita Martin, une presque septuagénaire qui, si elle regrette de ne pouvoir assister à la messe que célébrera Benoît XVI à la Sagrada Familia pour un cercle restreint de participants, compte bien acclamer le pape sur son parcours.

"SANCTUAIRE UNIQUE AU MONDE"

Jordi Bonet Armengol se réjouit d'avance de la visite guidée qu'il va pouvoir offrir au premier pape à se rendre sur ce qui devenu le joyau de Barcelone: "Il sera porteur d'un message de spiritualité et ce sera un encouragement à achever le travail."

Beaucoup reste à faire, à commencer par l'érection d'une flèche centrale de 170 mètres, mais Bonet assure que cela ne prendra pas un autre siècle à parachever si les visiteurs - quelque 10.000 par an - continuent à se montrer généreux.

Une fois achevée, l'oeuvre complexe conçue par Antonio Gaudi arborera 18 flèches, dédiées respectivement à Jésus, à la Vierge Marie, aux 12 apôtres et aux quatre évangélistes.

Aux yeux de Mgr Lluis Martinez Sistach, archevêque de Barcelone, ce sanctuaire "est unique au monde". "C'est le travail d'un génie, qui était aussi un chrétien exemplaire"."

Après sa consécration par Benoît XVI, qui s'adressera aux fidèles en catalan, flattant ainsi leur nationalisme sourcilleux, la Sagrada Familia devrait pouvoir accueillir environ 9.000 fidèles par messe.

Pour des raisons de sécurité, il n'y en aura pas autant dimanche en présence du pape, a entamé samedi la seconde visite en Espagne de son pontificat par un haut lieu des pèlerinages chrétiens depuis le Moyen Age, la localité galicienne de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Il y a été accueilli dans un épais brouillard par le prince héritier Felipe et la princesse Letizia.

"TANT D'ARGENT POUR UN GARS QUI VIENT UNE HEURE"

La pape a profité de cette étape pour rappeler son opposition à l'avortement, légalisé par le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, qui l'a autorisé cette année à la demande et sans consentement des parents jusqu'à la 14e semaine de grossesse.

La liberté doit être "fondée sur la justice pour tous, à commencer par les plus pauvres et les plus vulnérables", a dit le pape, qui a fait de la "réévangélisation" de l'Europe une des priorités de son pontificat.

L'Europe "ne doit pas seulement se préoccuper des besoins matériels des gens mais aussi de leurs besoins moraux, sociaux, spirituels et religieux car ce sont tous des exigences authentiques de notre humanité commune", a ajouté Benoît XVI.

L'Eglise de Rome s'est également prononcée contre la légalisation en Espagne du mariage homosexuel et du droit à l'adoption des couples de même sexe. Pour protester contre la venue de Benoît XVI des mouvement gays et lesbiens ont prévu une "embrassade géante" samedi soir à Barcelone.

Mais dans un pays frappé part une récession sans précédent et où le chômage atteint 20%, ce sont surtout les millions de dollars dépensés pour la logistique et la sécurité du pape qui provoquent l'indignation.

"Je considère comme mauvais, et je veux dire vraiment mauvais, de dépenser tant d'argent pour un gars qui vient, fait un discours, reste une heure et s'en va", s'étrangle Pedro Barral Gonzalez, un habitant de Saint-Jacques de Compostelle tout juste majeur.

Avec Philip Pullella, Marc Delteil, pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief