Benoît XVI crée 24 cardinaux, dont 20 électeurs du conclave

par Philip Pullela,

CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape Benoît XVI a créé samedi 24 nouveaux cardinaux, dont vingt "princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans susceptibles de participer au conclave qui désignera un jour son successeur à la tête de l'Eglise catholique.

Par cette consécration, les prélats accèdent au plus haut rang de la hiérarchie catholique, en tant que proches conseillers du pape.

Lors d'un consistoire à la basilique Saint-Pierre de Rome, chacun des 24 nouveaux cardinaux ont juré loyauté au pape, à son successeur et à l'Eglise et se sont dit prêts à donner leur vie pour l'Eglise si nécessaire.

Vingt d'entre eux, âgés de moins de 80 ans, sont de potentiels électeurs du successeur du souverain pontife lors d'un prochain conclave, une assemblée de cardinaux qui se réunit au Vatican après le décès du pape pour en élire un nouveau dans le plus grand secret.

Depuis son élection au trône de Saint-Pierre en 2005, Benoît XVI a créé 50 des 121 cardinaux qui choisiront son successeur, augmentant la probabilité de voir un nouveau pape partageant les mêmes opinions conservatrices que lui sur la question de l'avortement ou du mariage des prêtres.

Si les papes sont élus à vie, l'actuel souverain pontife, âgé de 83 ans, n'a jamais écarté la possibilité de démissionner pour des raisons de santé. La dernière démission volontaire d'un pape remonte au XIIIe siècle.

Parmi les nouveaux cardinaux créés, l'archevêque de Washington, Mgr Donald Wuerl, figure catholique respectée dans la capitale américaine, jouera un rôle-clé dans la réponse de l'Eglise au scandale d'abus sexuels qui a suscité l'indignation dans le monde.

Lors d'une réunion à huis clos des cardinaux vendredi, le Vatican les a exhortés à s'impliquer davantage dans la lutte contre les actes de pédophilie et a annoncé une nouvelle série de directives à l'attention des évêques sur la conduite à tenir face aux abus sexuels d'enfants, notamment au sujet de la coopération avec les autorités locales.

Dans son homélie prononcée peu avant leur création, le pape a dit aux cardinaux que leur rôle n'était pas "d'être servis, mais de servir" et les a appelé à éviter toute "logique de pouvoir."

"Dans l'Eglise, personne n'est le maître" mais tous sont appelés à être des fidèles de Jésus Christ, a-t-il ajouté.

"ITALIANISATION" DE LA CURIE ?

Les 24 nouveaux cardinaux viennent d'Italie, de Guinée, de Pologne, de Suisse, d'Egypte, d'Etats-Unis, d'Espagne, d'Allemagne, de Zambie, d'Equateur, de République démocratique du Congo, du Brésil et du Sri Lanka.

Avec onze grands électeurs européens, dont huit Italiens, les Européens détiennent une courte majorité au conclave.

Le Collège des cardinaux compte désormais 62 représentants européens, 21 latino-américains, 15 d'Amérique du Nord, 12 Africains, 10 asiatiques et un d'Océanie.

Après des années sans création de nouveaux cardinaux italiens, le choix de Benoît XVI est perçu par certains observateurs comme une "re-italianisation" de la Curie, le gouvernement central de l'Eglise.

Les Italiens sont majoritaires dans le Collège, avec 25 représentants, suivi de loin par les Etats-Unis (13).

Selon les observateurs, la probabilité de voir élire un pape américain est quasi nulle, le conclave étant peu enclin à confier les clés du Vatican à un représentant d'une puissance mondiale.

Marine Pennetier pour le service français