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Barack obama dans le mississipi, la pression sur bp s'accentue

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par Caren Bohan et Tom Bergin

GULFPORT, Mississippi/LONDRES (Reuters) - Barack Obama a entamé lundi un nouveau déplacement dans les zones polluées par la marée noire dans le golfe du Mexique, lançant une semaine marquée par sa volonté d'affirmer son implication dans la gestion de la lutte contre la catastrophe.

Huit semaines après l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon à l'origine de la marée noire, le président américain se rend pour la quatrième fois dans les régions côtières affectées - Alabama, Mississippi et Floride.

Sa première allocution nationale solennelle sur la catastrophe ainsi qu'une rencontre avec les dirigeants de BP figurent également à l'agenda présidentiel des prochains jours.

BP a de son côté soumis aux garde-côtes américains un plan visant à augmenter ses capacités de récupération du pétrole qui s'échappe du puits endommagé.

Le dôme de confinement posé au-dessus du puits qui fuit dans le golfe du Mexique permet désormais de récupérer environ 15.000 barils de pétrole chaque jour et BP espère porter ce chiffre à 40.000-53.000 barils par jour (bpj) d'ici la fin du mois et 60.000-80.000 bpj avant la mi-juillet.

Au total, depuis la mise en place d'un dôme de confinement le 3 juin, 134.500 barils de pétrole ont été siphonnés vers la surface pour être récupérés. Mais une quantité indéterminée de pétrole continue de s'écouler et d'alimenter la marée noire.

BP SOUS PRESSION

En présentant ce plan, BP a répondu à une demande de l'administration Obama mais le géant pétrolier va encore devoir faire face à de nombreuses requêtes.

Le président américain doit recevoir mercredi à la Maison blanche le président de BP, Carl-Henric Svanberg, ainsi que d'autres dirigeants du groupe pétrolier basé à Londres.

Il souhaite que la compagnie crée un fonds destiné à régler les dommages et intérêts que réclameront les particuliers et les entreprises affectés par la marée noire et mette en place une instance indépendante chargée de sa gestion.

BP s'est pour l'instant refusé à commenter cette proposition. "Nous sommes impatients d'avoir des discussions constructives avec l'administration dans le courant de la semaine", a simplement déclaré lundi un porte-parole du groupe.

A bord de l'avion présidentiel Air Force One conduisant Barack Obama vers le Golfe du Mexique, Bill Burton, porte-parole de la Maison blanche, a affiché son optimisme concernant un feu vert de BP à la mise en place d'un tel fonds.

"Nous sommes persuadés que cela va nous permettre d'avancer", a-t-il expliqué.

Il a cependant refusé de préciser explicitement le montant qui serait engagé, évoquant simplement une échelle de milliards de dollars de façon à garantir "que chaque personne affectée sera dédommagée".

UN COÛT DE 1,6 MILLIARD DE DOLLARS JUSQU'ICI

Un groupe de 54 sénateurs démocrates ont demandé dans une lettre adressée à BP qu'un premier versement de 20 milliards de dollars soit effectué sur ce compte, appelant à un geste de bonne volonté qui démontrerait que la compagnie ne souhaite pas esquiver ses responsabilités.

Dans un communiqué publié dans la matinée, le géant pétrolier a dit que la marée noire lui avait déjà coûté 1,6 milliard de dollars et que 300 millions supplémentaires avaient été engagés pour le déploiement de barrages flottants en Louisiane.

BP précise avoir reçu 51.000 demandes de dédommagements et avoir effectué plus de 26.500 versements, représentant plus de 62 millions de dollars.

Le groupe pétrolier prévoit que la facture totale des opérations de nettoyage sera comprise entre trois et six milliards de dollars mais bon nombre d'analystes anticipent un coût plus élevé.

Le titre BP a une nouvelle fois fini en forte baisse à la Bourse de Londres (-9,3%), sur fond d'inquiétudes des investisseurs concernant le montant total que le groupe devra débourser suite à la catastrophe et d'incertitudes concernant le versement d'un dividende.

Outre leur rencontre avec Barack Obama mercredi, les responsables de BP doivent être entendus en commission par le Congrès cette semaine.

Les dirigeants du groupe, de même que les représentants d'autres industriels du secteur comme Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, Chevron et ConocoPhillips doivent témoigner devant les parlementaires mardi et jeudi.

Des millions de litres de pétrole se sont déversés dans les eaux du golfe du Mexique depuis l'explosion de la plate-forme le 20 avril, qui avait tué onze personnes et soufflé le puits.

Avec Jeffrey Jones en Louisiane et les bureaux de Londres et Houston, Myriam Rivet et Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser