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Bachar al Assad nie avoir ordonné la répression en Syrie

Le président syrien Bachar al Assad assure, dans une interview diffusée mercredi, ne pas avoir donné l'ordre à ses forces d'abattre des manifestants, un geste qui ne pourrait selon lui venir que d'un dirigeant dément. /Photo prise le 6 novembre 2011/REUTE

Le président syrien Bachar al Assad assure, dans une interview diffusée mercredi, ne pas avoir donné l'ordre à ses forces d'abattre des manifestants, un geste qui ne pourrait selon lui venir que d'un dirigeant dément. /Photo prise le 6 novembre 2011/REUTE - -

par Douglas Hamilton BEYROUTH (Reuters) - Le président syrien Bachar al Assad assure, dans une interview diffusée mercredi, ne pas avoir donné...

par Douglas Hamilton

BEYROUTH (Reuters) - Le président syrien Bachar al Assad assure, dans une interview diffusée mercredi, ne pas avoir donné l'ordre à ses forces d'abattre des manifestants, un geste qui ne pourrait selon lui venir que d'un dirigeant dément.

Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision américaine ABC avec la journaliste Barbara Walters, il affirme que les démarches internationales pour imposer des sanctions à la Syrie ne le préoccupent pas et que l'Onu n'est pas une institution crédible.

"Nous ne tuons pas notre peuple (...) Aucun gouvernement au monde ne tue son peuple, sauf s'il est dirigé par un fou", dit le chef de l'Etat syrien dans un extrait de l'interview diffusé mercredi.

Il dit avoir fait son maximum pour protéger les populations, ajoutant que les violences dues aux forces de sécurité ont résulté d'erreurs individuelles et non d'une politique officielle.

"La plupart des gens qui ont été tués étaient des partisans du gouvernement, et non l'inverse", dit Bachar al Assad, qui reconnaît que certains membres des forces armées sont allés trop loin mais assure que leurs excès ont été sanctionnés.

"Ce que vous devez savoir, c'est que chaque 'réaction brutale' a été le fait d'un individu et non d'une institution", dit-il. "Il y a une différence entre une politique de répression et quelques erreurs commises par quelques responsables."

"Il n'a en aucun cas été ordonné de tuer ni d'être brutal."

ABC a diffusé des extraits de l'interview dans son principal bulletin d'informations de la matinée et compte en divulguer d'autres dans la soirée.

ONU, LIGUE ARABE ET PAYS VOISINS

Les pressions internationales s'accroissent sur Bachar al Assad après neuf mois de manifestations et d'une répression violente qui, selon les estimations de l'Onu, a fait quelque 4.000 morts.

Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu a condamné la Syrie pour violations "grossières et systématiques" du droit humanitaire par les forces gouvernementales. Ce qui prépare le terrain à une éventuelle décision des organes politiques de l'Onu à New York.

Mais Bachar al Assad balaie ces critiques en affirmant que les représentants de l'Onu n'ont fourni aucune preuve matérielle.

"Qui a dit que les Nations unies étaient une institution crédible ?", demande-t-il en ajoutant que la Syrie ne participe aux délibérations de l'Onu que pour la forme. "C'est un jeu que l'on pratique. Cela ne signifie pas qu'on y croit."

La Ligue arabe menace quant à elle d'imposer des sanctions à Damas si l'armée ne se retire pas des villes et qu'un dialogue n'est pas ouvert avec les opposants.

L'institution panarabe a à plusieurs reprises repoussé la date butoir imposée à Damas pour accepter son plan de paix. Mercredi, la Russie a estimé qu'il faudrait du temps pour que ce processus diplomatique aboutisse, citant en exemple le plan de paix qui a fini par porter ses fruits au Yémen.

Les grandes puissances occidentales, mais aussi des partenaires régionaux comme la Turquie et la Jordanie, appellent Assad à quitter le pouvoir.

"PAS CRÉDIBLE"

A Washington, la Maison blanche a réagi à ces propos qu'elle a jugés invraisemblables.

"Ce n'est tout simplement pas crédible", a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney. "Le monde entier a été témoin de ce qui s'est passé en Syrie. Les Etats-Unis et beaucoup, beaucoup d'autres pays, qui ont condamné de concert les atrocités perpétrées en Syrie par le régime Assad, savent bien ce qui se passe et qui est responsable."

Des militants syriens, qui avancent un bilan de plus de 4.500 tués depuis la mi-mars, estiment que les militaires et membres de forces de l'ordre représentent environ le quart des victimes. La plupart des médias internationaux ayant été chassés du pays, il est difficile de vérifier ces bilans.

Les violences prennent de plus en plus le tour d'une guerre civile, à mesure que des groupes d'opposants armés parviennent à s'organiser et prennent position dans des secteurs urbains.

Mercredi, de nouvelles violences ont été signalées à la frontière turque, ou des habitants de villages turcs frontaliers ont fait état de tirs de l'armée syrienne en direction de combattants de l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs hostiles au régime de Damas.

Les autorités turques ont parallèlement annoncé qu'elles exporteraient désormais des biens vers l'Egypte en passant par la mer ou par l'Irak, afin de contourner le territoire syrien.

Ankara cherche à ouvrir de nouvelles routes commerciales depuis la rupture de ses relations avec Damas, causée par les critiques formulées par la Turquie envers le régime syrien.

Selon la chaîne de télévision NTV, qui cite le ministre du Commerce, Hayati Yazici, la Turquie compte en outre imposer désormais une taxe de 30% sur les biens venus de Syrie. Damas a pris une mesure similaire à l'encontre des marchandises turques.

Avec Andrew Quinn à Beyrouth, Souleïmane al Khalidi à Amman et Ibon Villelabeitia à Ankara; Henri-Pierre André, Philippe Bas-Rabérin et Gregory Schwartz pour le service français, édité par Gilles Trequesser