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Avec le temps et l'effet Trump, George W. Bush est redevenu populaire aux yeux des Américains

George W. Bush et son épouse Laura.

George W. Bush et son épouse Laura. - Danny Bollinger / NBAE / Getty Images / AFP

Crédité d'un taux d'opinion favorable de 61% auprès des Américains dans un sondage paru il y a quelques jours aux Etats-Unis, George W. Bush retrouve actuellement une popularité significative. Selon l'historien spécialiste des Etats-Unis, François Durpaire, il faut y voir à la fois une prise de recul des Américains face à son bilan controversé et le bénéfice de la comparaison avec Donald Trump.

A la fin de son second mandat, au début de l'année 2009, George W. Bush était l'un des présidents les plus décriés de l'histoire des Etats-Unis. Sa cote de popularité était alors jaugée à 33% auprès des Américains. Dans un sondage publié mardi sur le site de la chaîne américaine CNN, le même indicateur, l'institut SSRS, estimait ce taux de bonne opinion à 61%. Comment expliquer ce retour en grâce de l'homme de la guerre en Irak? 

Au fil du temps 

Le premier ressort est mécanique. Le temps passant, les anciens chefs de l'exécutif retrouvent un peu de la bienveillance de leurs concitoyens. L'historien spécialiste des Etats-Unis, François Durpaire, développe auprès de BFMTV.com: "Cette remontée était déjà écrite lorsqu'il quittait la Maison blanche en 2009, honni par une bonne partie de la population, alors que l'anti-bushisme remportait la victoire à la présidentielle avec l'élection de Barack Obama". "Le tamis du temps bénéficie toujours à la popularité des anciens présidents. Avec le recul de l'histoire, le regard sur leur bilan est plus mesuré", ajoute-t-il.

Et sous cet aspect, aucune cause n'est désespérée. "Je prendrai deux exemples. Lyndon Johnson n'était pas aimé après sa présidence, il restait collé au souvenir de la guerre du Vietnam. Mais le regard postérieur s'est souvenu qu'il était l'homme du Civil Rights Act (Acte pour les droits civiques) en 1964, et l'homme de Medicare, l'assurance maladie. Et même, Richard Nixon, l'homme du scandale du Watergate, a fini par trouvé davantage de nuance. On s'est souvenu qu'après tout, il était l'artisan du rapprochement avec la Chine", retrace François Durpaire. 

L'indulgence des Démocrates 

Dans cette enquête d'opinion diffusée par CNN, un mouvement est particulièrement notable: les électeurs dont les sympathies vont au Parti démocrate, grand opposant à l'époque à la présidence de George W. Bush et contempteur de son héritage depuis, sont désormais une majorité de 54% à professer une opinion favorable à l'endroit de l'ancien leader des Républicains. En 2009, ils n'étaient que 11% à penser ainsi. François Durpaire décompose ce revirement: "Au sujet de la guerre en Irak, ils se disent que leurs représentants politiques l'avaient bien souvent votée à l'époque. Et pour ce qui est de la politique intérieure, ils lui attribuent une plus grande culture de la discussion transpartisane."

L'auteur note encore une différence dans l'attitude des Démocrates à l'égard respectivement de Donald Trump et de George W. Bush: dans le premier cas, comme le montre le mouvement "Not my President", on peut aller jusqu'à dénier au chef de l'Etat son titre, dans le second cas, au pire, on dit simplement qu'on avait affaire à un mauvais président. 

"Conservateur bon teint"

Ces derniers mois, George W. Bush lui-même n'a pas manqué de mettre en évidence son aversion pour celui qui est le premier Républicain à la Maison blanche depuis son départ. Pas étonnant pour François Durpaire car les deux hommes sont foncièrement différents: "On ne pouvait pas reprocher à George W. Bush telle ou telle saillie verbale." Et, s'il y a le style, il y a aussi le fond. "George W. Bush n'était pas un national-populiste, n'avait pas un agenda identitaire. Sur le plan migratoire, il s'est même opposé à sa famille politique pour faire un statut du travailleur invité", ajoute l'historien. 

Au centre de l'embellie sondagière du Texan, les Républicains modérés comptent aussi pour beaucoup: "Ce sont des gens attachés à une certaine manière de s'exprimer, d'incarner la fonction quand on est président des Etats-Unis et pour eux, George W. Bush a le mérite de ne pas avoir été Donald Trump, en quelque sorte. George W. Bush représente à leurs yeux un républicanisme assez classique, conservateur bon teint", pose François Durpaire. 

Ce même républicanisme "bon teint" que Donald Trump a vaincu lors des primaires républicaines de 2016 en poussant vers la sortie Jeb Bush, petit frère de George W. Bush, 43e président des Etats-Unis, et fils de George H.W. Bush, 41e président des Etats-Unis. 

Robin Verner