BFMTV
International

Aux États-Unis, des journalistes pris à partie par la police lors d'une manifestation antiraciste

Des policiers en position face aux manifestants, le 11 avril 2021 à Brooklyn Center, près de Minneapolis, après la mort d'un jeune homme noir tué par la police

Des policiers en position face aux manifestants, le 11 avril 2021 à Brooklyn Center, près de Minneapolis, après la mort d'un jeune homme noir tué par la police - Kerem Yucel © 2019 AFP

Alors qu'ils couvraient une manifestation antiraciste après la mort de Daunte Wright, un jeune homme noir tué par une policière blanche lors d'un contrôle routier, plusieurs journalistes ont reçu du gaz poivre et ont eu l'obligation de se faire photographier par la police.

Plusieurs journalistes ont été pris à partie par la police vendredi en banlieue de Minneapolis aux Etats-Unis, lors de manifestations pour protester contre la mort de Daunte Wright, un jeune homme noir tué dimanche dernier, le 11 avril, par une policière blanche.

Près de 500 personnes s'étaient rassemblées devant les grilles du commissariat de Brooklyn Center, à une dizaine de kilomètres de Minneapolis, pour une sixième soirée consécutive de manifestations après la mort dimanche de Daunte Wright, tué lors d'un banal contrôle routier.

C'est aussi dans cette grande métropole du nord des Etats-Unis que se déroule actuellement le procès de Derek Chauvin, l'ex-policier blanc accusé du meurtre de George Floyd l'an dernier.

Les journalistes nassés et photographiés

Peu avant l'entrée en vigueur d'un couvre-feu à 22H00 (5h00 à Paris) décrété par les autorités, la police a donné l'ordre à la foule par haut-parleur de se disperser avant de déployer plusieurs dizaines d'agents en tenue anti-émeute.

Encerclant les manifestants restés sur place, les forces de l'ordre ont alors notamment fait usage de gaz poivre sur plusieurs journalistes qui s'étaient clairement signalés comme tels.

La presse a en outre eu interdiction de rester dans le dispositif de nasse mis en place par la police, pour documenter les arrestations en cours. Pour sortir de ce dispositif, les journalistes ont également eu l'obligation de se faire photographier, ainsi que leurs documents d'identité, par la police de l'Etat du Minnesota.

Les policiers empêchés d'arrêter les journalistes

Après une plainte déposée par plusieurs journalistes et un syndicat les représentant, une juge avait pourtant décrété plus tôt le même jour une injonction temporaire restrictive envers la police à Brooklyn Center.

Selon le jugement rendu public, les forces de l'ordre ont ainsi interdiction "d'arrêter, ou de menacer d'arrêter (...) toute personne dont elles savent ou ont raison de croire qu'elle est journaliste".

Interdiction leur est faite également d'utiliser la force physique ainsi que grenades assourdissantes, matraques, ou encore "agents chimiques" comme du gaz poivre contre les journalistes.

"A la suite de commentaires de médias, et au regard de la récente (injonction), la police d'Etat du Minnesota ne photographiera plus les journalistes", a réagi samedi dans un communiqué la Minnesota Operation Safety Net, le groupement des différentes forces de l'ordre qui traitent les manifestations autour du procès de Derek Chauvin.

La police d'Etat du Minnesota affirme également avoir "fourni à ses agents" les directives de l'injonction émise vendredi, et les avoir également "fournies aux autres forces de l'ordre" présentes aux manifestations à Brooklyn Center.

Le groupe de défense de la liberté de la presse U.S. Press Freedom Tracker déplore "au moins 7 agressions et 3 arrestations/détentions de journalistes couvrant les manifestations" depuis dimanche à Brooklyn Center.

SK avec AFP