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Au FMI, la bataille de la succession va s'intensifier

John Lipsky, le numéro deux du FMI, assurera l'intérim à la direction générale de l'institution internationale, mais les responsables politiques du monde entier pourraient être contraint à chercher d'urgence un successeur à Dominique Strauss-Kahn. /Photo

John Lipsky, le numéro deux du FMI, assurera l'intérim à la direction générale de l'institution internationale, mais les responsables politiques du monde entier pourraient être contraint à chercher d'urgence un successeur à Dominique Strauss-Kahn. /Photo - -

par Lesley Wroughton WASHINGTON (Reuters) - L'arrestation de Dominique Strauss-Kahn pourrait contraindre les responsables politiques du monde entier...

par Lesley Wroughton

WASHINGTON (Reuters) - L'arrestation de Dominique Strauss-Kahn pourrait contraindre les responsables politiques du monde entier à lui chercher d'urgence un successeur à la tête du Fonds monétaire international (FMI).

Quelques heures après l'inculpation de son directeur général à New York pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration, le FMI a annoncé que John Lipsky, le numéro deux de l'institution, assurerait l'intérim à la direction générale.

Le porte-parole du FMI a précisé que John Lipsky prenait régulièrement les rênes du Fonds lorsque le directeur général était absent et a assuré que le FMI demeurait "pleinement opérationnel".

Mais ces annonces n'ont pas masqué les craintes au sommet de l'institution d'un vide du pouvoir, d'autant que John Lipsky a annoncé la semaine dernière qu'il ne solliciterait pas le renouvellement de son mandat qui expirera en août.

Le FMI, premier créancier du monde, pourrait alors se trouver sans capitaine au moment même où il s'efforce de régler la crise de la dette dans la zone euro et de remettre sur pied l'économie mondiale après la crise financière de 2007-2008.

"L'Europe est en feu", a dit un membre du conseil du FMI à Reuters. "C'est une bonne idée d'avoir fait de John Lipsky le directeur général intérimaire, mais combien de temps cela va-t-il durer?"

Plusieurs responsables ont appelé le conseil à rapidement exprimer sa confiance dans la capacité de John Lipsky, ancien vice-président de la banque américaine JP Morgan Chase, à diriger le FMI sans Dominique Strauss-Kahn.

Le conseil du FMI, composé de représentants des pays membres dont les plus influents sont les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, la Chine et le Japon, a le pouvoir de nommer et de révoquer le directeur général.

Si Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, a réussi par son charisme et son expérience à redonner au FMI un rôle central dans la finance mondiale depuis son arrivée à la tête du Fonds en 2007, le scandale dans lequel il est aujourd'hui empêtré pourrait avoir des conséquences irréparables même s'il est blanchi des accusations portées contre lui.

En 2008, le Français avait déjà fait l'objet d'une enquête interne pour abus de pouvoir après une brève liaison avec une économiste du FMI. Le conseil l'avait blanchi mais l'avait mis en garde contre tout autre dérapage, et Dominique Strauss-Kahn avait présenté des excuses publiques en reconnaissant "une erreur de jugement".

UN SUCCESSEUR NON EUROPÉEN ?

Avant son inculpation dimanche, le bruit courait que Dominique Strauss-Kahn, dont le mandat expire en septembre 2012, prévoyait de quitter le FMI pour présenter sa candidature à la l'élection présidentielle française de 2012.

Mais des responsables du FMI confient qu'ils avaient à peine commencé à lui envisager un successeur. Si Dominique Strauss-Kahn venait à quitter son poste en raison de son inculpation, la quête d'un remplaçant pourrait brutalement s'accélérer et se révéler plus tendue.

Les pays émergents, Brésil en tête, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils chercheraient à bousculer le statu quo selon lequel la direction du FMI revient traditionnellement à un Européen, tandis que la présidence de la Banque mondiale revient à un Américain.

"Les dirigeants des institutions de Bretton Woods devraient être choisis uniquement dans le cadre d'un processus ouvert et méritocratique, sans égard à la nationalité", avait lancé en avril dernier le Premier ministre brésilien Guido Mantega.

L'ancien ministre turc des Finances Kemal Dervis a été présenté comme un possible candidat. Cet ancien directeur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) travaille actuellement au sein du Brookings Institute, un club de réflexion basé à Washington.

Au Royaume-Uni, d'autres spéculaient sur la candidature de Gordon Brown, qui a été chancelier de l'Echiquier de 1997 à 2007 et Premier ministre de 2007 à 2010, mais son successeur David Cameron a écarté cette idée et invité le FMI à chercher des candidats hors d'Europe.

A Paris, la ministre de l'Economie Christine Lagarde est également pressentie comme une possible candidate à la direction du FMI, ce qui ferait d'elle la première femme à diriger cette institution internationale.

Natalie Huet pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

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