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Au Caire, Mohamed ElBaradeï ne fait pas l'unanimité

Les Egyptiens rencontrés dans les rues du Caire sont réservés à propos de Mohamed ElBaradeï, qui a appelé le président Hosni Moubarak à quitter le pouvoir et se propose pour diriger la transition dans le pays. L'ancien directeur général de l'Agence intern

Les Egyptiens rencontrés dans les rues du Caire sont réservés à propos de Mohamed ElBaradeï, qui a appelé le président Hosni Moubarak à quitter le pouvoir et se propose pour diriger la transition dans le pays. L'ancien directeur général de l'Agence intern - -

par Jonathan Wright LE CAIRE (Reuters) - Les Egyptiens rencontrés dans les rues du Caire sont réservés à propos de Mohamed ElBaradeï, qui a appelé le...

par Jonathan Wright

LE CAIRE (Reuters) - Les Egyptiens rencontrés dans les rues du Caire sont réservés à propos de Mohamed ElBaradeï, qui a appelé le président Hosni Moubarak à quitter le pouvoir et se propose pour diriger la transition dans le pays.

L'ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est rentré la semaine dernière d'Autriche et a pris part aux manifestations sans précédent qui secouent l'Egypte.

Les Frères musulmans, considérés comme le premier mouvement d'opposition du pays, disent s'employer à former un large comité politique avec ElBaradeï afin de nouer un dialogue avec l'armée égyptienne, qui détient aux yeux des observateurs la clé des événements à venir.

Un parti d'opposition au moins, le parti arabe nationaliste Karama de Hamdin Sabahi, refuse cependant de voir le lauréat du prix Nobel de la paix prendre la tête de la transition, lui reprochant de prendre le train en marche.

Mohamed ElBaradeï, qui est âgé de 68 ans, a commencé à s'opposer publiquement à Moubarak à son retour en Egypte en février 2010. Sa posture a bénéficié de l'appui de la jeunesse et des classes moyennes.

Mais les autorités ont harcelé ses partisans et ElBaradeï a perdu une partie de sa crédibilité en raison de ses longs séjours à l'étranger. Les médias officiels en ont profité pour tenter de le tourner en dérision, assurant qu'il ne connaissait rien à l'Egypte et moquant son manque d'expérience politique.

Des éléments de cette campagne médiatique résonnent encore aux oreilles de certains Cairotes.

"PAS NEUTRE" SUR L'IRAN

"ElBaradeï ne convient pas. Il n'a pas d'expérience ici et il est un peu faible", estime Khalid Ezzat, un ingénieur en technologies de l'information âgé de 34 ans qui a rejoint les manifestants qui campent la nuit sur la place Tahrir, épicentre de la contestation.

Omar Mahdi, un directeur commercial, n'est pas non plus "convaincu par ElBaradeï, même pour la transition". "Il n'a pas vraiment été présent dans le pays", explique-t-il.

Certains manifestants reprochent à l'ancien directeur de l'AIEA une supposée proximité avec les Etats-Unis, en dépit des frictions qui l'ont opposé à l'administration américaine avant la guerre d'Irak ou sur les dossiers nucléaires iranien ou israélien.

Dimanche, ayant rejoint les protestataires au centre du Caire, Mohamed ElBaradeï a appelé Washington à "cesser de fournir un soutien vital au dictateur" Moubarak.

Mais Walid Abdel-Mit'aal, employé d'une entreprise publique, estime que "les positions d'Elbaradeï envers les autres pays arabes, et envers l'Iran et la Corée du Nord, n'étaient pas neutres". "Je ne le trouve pas très acceptable", ajoute-t-il.

"Il suivra les mêmes politiques que Moubarak et prendra l'aide américaine", poursuit-il, reflétant une position anti-américaine largement absente des manifestations aux premiers jours de la contestation.

MODIFIER LA CONSTITUTION

Mohamed ElBaradeï affiche aussi un profil cosmopolite - il a vécu plusieurs années à l'étranger et parle couramment l'anglais - qui peut plaire à certains Egyptiens mais susciter aussi la suspicion.

Des manifestants de la place Tahrir avancent d'autres noms pour assurer la transition, comme celui d'Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe et ancien ministre des Affaires étrangères. Ils évoquent aussi le président la Cour constitutionnelle ou celui de la Haute Cour administrative.

D'autres protestataires disent que peu importe, pourvu que la Constitution soit modifiée afin d'éviter qu'un homme s'accroche au pouvoir comme Hosni Moubarak, président sans partage depuis 1981.

"ElBaradeï est une option très acceptable parce qu'il ne restera pas", dit Islam Achraf, 24 ans. "Mais ce ne sont pas les personnes qui nous intéressent. Ce qui compte pour nous, c'est de changer de système."

Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser