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Assad et l'opposition posent de nouvelles exigences en Syrie

Combattant de l'Armée libre syrienne dans une rue de Homs. Au lendemain de l'interview de Bachar al Assad à la chaîne de télévision du Hezbollah, l'horizon de la conférence internationale sur la Syrie s'est encore obscurci, vendredi, l'opposition esquissa

Combattant de l'Armée libre syrienne dans une rue de Homs. Au lendemain de l'interview de Bachar al Assad à la chaîne de télévision du Hezbollah, l'horizon de la conférence internationale sur la Syrie s'est encore obscurci, vendredi, l'opposition esquissa - -

BEYROUTH (Reuters) - Au lendemain de l'interview de Bachar al Assad à la chaîne de télévision du Hezbollah, l'horizon de la conférence...

BEYROUTH (Reuters) - Au lendemain de l'interview de Bachar al Assad à la chaîne de télévision du Hezbollah, l'horizon de la conférence internationale sur la Syrie s'est encore obscurci, vendredi, l'opposition esquissant une nouvelle condition préalable à son éventuelle participation à Genève II.

George Sabra, qui assure l'intérim à la tête de la Coalition nationale syrienne (CNS), a déclaré qu'elle ne participerait pas à la conférence internationale tant que le Hezbollah combattrait aux côtés des troupes de Bachar al Assad en Syrie.

Les miliciens chiites libanais sont en première ligne à Koussaïr, ville stratégique proche de la frontière libanaise tenue par les insurgés mais assiégée par les forces gouvernementales depuis plus de deux semaines et où plusieurs centaines de rebelles seraient parvenus à entrer vendredi.

"La coalition syrienne ne participera à aucune conférence internationale et ne soutiendra aucun effort tant que se déroule une invasion de la Syrie par le Hezbollah et les milices iraniennes", a dit George Sabra à Istanbul.

Il n'est pas certain cependant que sa déclaration constitue une position collégiale de la CNS, dont la fragmentation a éclaté au grand jour à l'occasion des huit jours passés dans un hôtel d'Istanbul à négocier laborieusement une réorganisation de ses structures.

LA CNS EN ORDRE DISPERSÉ

D'autres membres de la principale instance représentative de l'opposition ont du reste adopté un ton plus modéré, un porte-parole précisant ainsi qu'aucune décision finale n'avait été prise à ce sujet.

"Ne pas aller à Genève reviendrait à offrir une victoire au régime, qui se présenterait alors en colombe de la paix", a relevé de son côté Kamal al Labouani, ancien prisonnier politique devenu un ardent défenseur de la lutte armée.

Lui veut que la conférence de Genève II, que tentent d'organiser les Etats-Unis et la Russie, soit un "procès public du régime et de ces crimes".

Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, à la manoeuvre depuis l'annonce, le 7 mai, de cette initiative diplomatique commune avec la Russie, s'est dit convaincu que l'opposition syrienne finirait par participer à Genève II.

Pour l'instant, la CNS a approuvé le principe d'une participation à la conférence si est fixée au préalable une date butoir pour la conclusion d'un accord garanti par la communauté internationale prévoyant un départ de Bachar al Assad.

Mais elle n'a pas encore tranché définitivement la question de sa composition, et si 14 sièges ont été accordés au courant libéral de Michel Kilo lors des tractations d'Istanbul, une nouvelle réunion est prévue au mieux le 12 juin pour intégrer 29 nouveaux membres représentant des opposants au régime, civils et militaires, restés en Syrie.

Ce qui annonce de nouvelles batailles entre les différents courants de la Coalition.

ASSAD EXIGE UN RÉFÉRENDUM

De son côté, le président syrien a averti que tout résultat issu du processus de Genève II, pour être reconnu, devrait être soumis à un référendum - dans un pays où la contestation puis la guerre civile ont fait au moins 80.000 morts depuis mars 2011.

"La seule condition, c'est que tout ce qui sera mis en oeuvre sera soumis à l'opinion publique syrienne et à un référendum syrien", a-t-il dit lors de l'interview diffusée jeudi soir par Al Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah libanais.

"Chaque partie peut proposer ce qu'elle souhaite, mais rien ne peut être mis en oeuvre sans l'approbation du peuple syrien", a-t-il ajouté, affirmant être dans l'incapacité de renoncer à ses prérogatives sans un changement préalable de la Constitution. "Et changer la Constitution nécessite un référendum populaire."

HOLLANDE: GENÈVE II DOIT PRÉPARER L'APRÈS-ASSAD

Réagissant vendredi, le président français François Hollande a soutenu que Genève II devait préparer la sortie du pouvoir d'Assad.

"Genève, si cette conférence doit avoir lieu et je souhaite qu'elle ait lieu, cela doit être pour avoir une transition sans Bachar al Assad parce que sinon comment l'opposition pourrait-elle accepter un tel processus?", a-t-il souligné au micro de France 24, TV5 et RFI.

"Si cette conférence doit se tenir, c'est pour préparer l'après Bachar al Assad, pas une élection présidentielle où Bachar al Assad annonce déjà qu'il est candidat."

La difficulté des préparatifs de cette conférence - selon un diplomate suivant la crise syrienne, Genève II n'aura pas lieu au mieux avant juillet - tient aussi au jeu des puissances impliquées dans le dossier.

La Russie, co-initiatrice de cette conférence, entretient une attitude jugée trouble par ses partenaires occidentaux et arabes en maintenant les contrats d'armements signés avec le régime de Damas.

Moscou, contrairement à ce que laissait entendre Assad sur Al Manar, n'aurait cependant pas encore livré de missiles sol-air S-300 à la Syrie et ne devrait pas être en mesure de le faire avant l'automne au mieux, dit l'agence de presse Interfax citant une source au sein de l'industrie militaire russe.

Erika Solomon, avec Khaled Yacoub Oweis à Istanbul, Thomas Grove à Moscou et Julien Ponthus à Paris, Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser