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Turquie: Erdogan va rencontrer les manifestants

Des manifestants turcs le 9 juin à Ankara

Des manifestants turcs le 9 juin à Ankara - -

Le Premier ministre turc fait un premier geste concret d'apaisement pour désamorcer la grave crise qui secoue depuis onze jours la Turquie.

Recep Tayyip Erdogan a accepté lundi de recevoir mercredi des représentants des manifestants qui exigent sa démission. Toutefois, la police turque a dispersé tard lundi à coups de grenades lacrymogènes plusieurs centaines de manifestants dans le centre d'Ankara, au onzième jour d'un vaste de mouvement de contestation du régime islamo-conservateur.

Les policiers antiémeute ont investi l'avenue cossue de Tunali-Hilmi, fermée par des barricades mais jusque là largement épargnée par les heurts qui ponctuent les nuits d'Ankara depuis le 30 mai, obligeant les restaurateurs des alentours à s'enfermer dans leurs établissements avec leurs clients pour échapper au gaz lacrymogène.

"Il écoutera ce qu'ils ont à dire"

Au soir d'une nouvelle journée de mobilisation à Istanbul et Ankara notamment, le chef du gouvernement a surpris en faisant annoncer sa première entrevue avec ceux qu'il présentait encore la veille comme des "extrémistes" ou des "pillards". "Notre Premier ministre a donné rendez-vous à certains des groupes qui organisent ces manifestations. Je crois qu'il en rencontrera certains mercredi", a déclaré le vice-Premier ministre Bülent Arinç à l'issue du conseil des ministres.

"Ils seront informés des faits et notre Premier ministre écoutera ce qu'ils ont à dire", a poursuivi Bülent Arinç sans préciser le nom de ces groupes. Sitôt annoncée cette ouverture, le porte-parole a adopté à nouveau un ton plus ferme en indiquant que "les manifestations illégales ne (seraient) plus tolérées en Turquie", sans fournir de plus amples détails. "Nous vivons dans un Etat de droit", a-t-il dit.

"Nous viendrons ici tous les jours après le travail"

Après un week-end marqué par des manifestations record dans plusieurs grandes villes du pays aux cris de "Tayyip, démission !", plusieurs milliers de personnes se sont encore retrouvées lundi soir à Istanbul, autour de la place Taksim, et au centre d'Ankara, la capitale, les deux principaux foyers de la contestation.

"Nous viendrons ici tous les jours après le travail. Ceci ne s'arrêtera pas", a promis Can, un responsable commercial de 30 ans, rencontré près du parc Gezi, dont la destruction annoncée a donné le coup d'envoi à la fronde le 31 mai.

"Ils nous traitent d'ivrognes"

"Nous sommes ici parce qu'il (le gouvernement) veut changer la façon dont nous vivons. Tout devient plus religieux, moins démocratique", a-t-il déploré, "ils nous traitent d'ivrognes, de marginaux, parce que nous ne sommes pas du même camp".

Le président Abdullah Gül a promulgué lundi soir une loi très controversée, véritable pied de nez aux manifestants, qui limite la vente et la consommation d'alcool. De nombreux contestataires en ont fait le symbole de la dérive autoritaire et de la volonté de Recep Tayyip Erdogan de vouloir "islamiser" la société turque.


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Sipa Média avec AFP