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Thaïlande

Thaïlande: pas d'élections avant au moins un an, colère de Washington

Le général Prayut Chan-O-Cha, ici le 26 mai dernier, s'est adressé à la Nation à la télévision tard vendredi afin de préciser son "agenda d'un an et trois mois pour s'acheminer vers des élections"

Le général Prayut Chan-O-Cha, ici le 26 mai dernier, s'est adressé à la Nation à la télévision tard vendredi afin de préciser son "agenda d'un an et trois mois pour s'acheminer vers des élections" - -

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a lancé un appel samedi à des élections rapides "libres et justes". Vendredi, le chef de la junte au pouvoir a annoncé qu'aucune élection ne serait organisée avant au moins un an.

Les Etats-Unis ont appelé samedi à des élections rapides en Thaïlande où le chef de la junte, qui vient de prendre le pouvoir, a annoncé la veille qu'aucune élection ne serait organisée avant au moins un an, avec d'ici là aux commandes un "conseil des réformes".

L'annonce de Bangkok a provoqué la colère de Washington et le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, en tournée dans la région, a rapidement réagi en demandant instamment à la junte thaïlandaise de relâcher ses prisonniers et en lançant un appel à des élections rapides.

"Nous demandons instamment aux forces armées royales thaïlandaises de libérer les personnes détenues, de mettre fin aux restrictions de la libre expression et de restaurer immédiatement le pouvoir du peuple thaïlandais grâce à des élections libres et justes", a déclaré Chuck Hagel lors d'un forum sur la sécurité en Asie-Pacifique à Singapour.

"Conseil des réformes"

Un peu plus d'une semaine après un coup d'Etat très critiqué par la communauté internationale, le général Prayut Chan-O-Cha s'est adressé à la Nation à la télévision tard vendredi afin de préciser son "agenda d'un an et trois mois pour s'acheminer vers des élections".

La "feuille de route" prévoit une "première étape" de "réconciliation" nationale pendant deux ou trois mois, dans ce pays profondément divisé entre partisans et détracteurs de Thaksin Shinawatra, milliardaire devenu Premier ministre, puis renversé par un coup d'Etat en 2006.

Ses proches ont continué à dominer la scène politique depuis, au grand dam des élites traditionnelles, dont l'armée, proches du palais royal, selon les analystes.

Selon le général Prayut, la "deuxième étape" devrait permettre la mise en place "de réformes", avec aux commandes un "conseil des réformes" (gouvernement non élu).

"La troisième étape correspond à des élections générales avec un système démocratique absolu qui soit acceptable par toutes les parties", assure-t-il.

"Depuis (le coup d'état), il y a du bonheur"

Ce plan de la junte militaire ressemble fort au programme des manifestants d'opposition qui ont réussi, après sept mois de mobilisation, à faire intervenir l'armée dans le conflit politique afin de renverser le gouvernement.

"Les Thaïlandais ne sont probablement pas heureux depuis neuf ans, comme moi", a expliqué le général Prayut, dans une allusion aux crises cycliques depuis le putsch contre Thaksin, qui reste malgré son exil le facteur de division du pays.

"Depuis le 22 mai (date du nouveau coup d'Etat), il y a du bonheur", a assuré le général, qui a fortement restreint les liberté publiques, avec censure, couvre-feu et interdiction de manifester.

"Les lois seront modifiées afin que nous puissions avoir des personnes honnêtes pour diriger le pays", a-t-il encore dit, alors que les analystes redoutent que la nouvelle Constitution ne soit encore plus draconienne que celle rédigée par la précédente junte en 2007.

Assurant "ne rien attendre en retour", le général Prayut a appelé la communauté internationale à comprendre que la Thaïlande avait "besoin de temps pour changer les attitudes, les valeurs" et "améliorer la démocratie".

C.P. avec AFP