BFMTV
Thaïlande

Thaïlande: le gouvernement cherche à censurer une vidéo du roi en débardeur

Le roi Vajiralongkorn salue la statue du roi Rama I, après avoir signé la constitution de la junte militaire, à Bangkok le 6 avril 2017.

Le roi Vajiralongkorn salue la statue du roi Rama I, après avoir signé la constitution de la junte militaire, à Bangkok le 6 avril 2017. - Lillian Suwanrumpha - AFP

Facebook a supprimé une centaine de publications relayant une vidéo du roi thaïlandais, sur demande du gouvernement local.

Le gouvernement thaïlandais tente depuis plusieurs semaines de censurer une vidéo du roi Rama X, ou Maha Vajiralongkorn, diffusée sur les réseaux sociaux. Pourtant, rien de bien compromettant dans cette courte vidéo de 44 secondes filmée en juin dernier: on y voit le futur roi de déambuler dans un centre commercial, dans un crop top qui laisse visibles ses tatouages, en train de manger une glace.

Cette vidéo n’est pourtant pas du goût de la junte militaire, qui veut la voir disparaître de Facebook. Le gouvernement thaïlandais se sert pour cela d’une loi qui criminalise le "lèse-majesté", dont la junte use et abuse depuis son coup d’état en mai 2014. Une personne diffusant du contenu considéré comme "insultant" envers la monarchie peut ainsi encourir jusqu’à 15 ans de prison.

Les autorités thaïlandaises avaient laissé jusqu’à ce matin au réseau social américain pour supprimer les 131 posts restants contenant la vidéo avant d’intenter une action en justice, rapporte le Bangkok Post. Mardi après-midi, Facebook était pourtant toujours accessible. Le réseau social est très populaire en Thaïlande, ce qui pose problème au gouvernement en cas de censure totale, relève le journaliste Andrew Marshall pour ABC News.

La coopération de Facebook

Sur 309 publications repérées, 178 ont déjà été censurées localement la semaine dernière par Facebook, après un e-mail de l’association thaïlandaise des fournisseurs d’accès Internet à Mark Zuckerberg. Le réseau social s’est plié sans trop faire d’histoires aux demandes du gouvernement thaïlandais.

"Quand les gouvernements estiment qu’un contenu sur Internet va à l’encontre de leurs lois, ils peuvent contacter des entreprises comme Facebook et nous demander de restreindre l’accès à ce contenu", a confirmé un porte-parole de Facebook à Vice News

Le réseau social tente cependant de modérer cette censure, en demandant une décision de justice avant de bloquer un contenu, en ne bloquant que certains posts et non des pages entières, et en notifiant les personnes concernées par la censure par mail.

Régulièrement, le réseau social fait face à de vives critiques au sujet de ses règles de modération opaques. Il a notamment censuré pendant une journée la page d’une association aidant des femmes à se procurer une pilule abortive, ou a encore été accusé avec d’autres sites de censurer plus facilement la nudité que les propos racistes.

Liv Audigane