Coup d'Etat en Thaïlande: incertitude et loi martiale isolent le pays
Après sept mois d'agitation, la Thaïlande a connu jeudi un nouveau coup d'Etat avec la prise du pouvoir par l'armée. Il s'agit du 18e coup d'Etat ou tentative de coup d'Etat depuis 1932.
Les choses se sont accélérées mardi, lorsque la loi martiale a été proclamée par l'armée. Une intervention pour "mettre un terme au face-à-face entre pro et anti-gouvernement, les Chemises rouges et les Chemises jaunes", selon Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse à l'Asia Centre, spécialiste de l'Asie du Sud-Est, interrogée par BFMTV.com.
Coup d'Etat et réunions publiques interdites
Jeudi, le chef de l'armée de terre thaïlandaise, le général Prayut Chan-O-Cha, a annoncé à la télévision un coup d'Etat. "Pour que le pays revienne à la normale", les forces armées "doivent prendre le pouvoir à partir du 22 mai à 16h30". La veille, le gouvernement avait été empêché d'utiliser son QG de crise.
Moins d'une heure après ce coup d'Etat, l'armée a ordonné à toutes les télévisions et radios du pays d'interrompre leurs programmes pour diffuser les bulletins du nouveau régime, au prétexte de vouloir "donner des informations exactes à la population".
Rassemblement interdis
De nouvelles règles sont depuis entrées en vigueur. Les rassemblements de plus de cinq personnes sont notamment interdits sous peine de sanction (un an de prison et 10.000 bahts -220 euros- d'amende). Il est aussi demandé à la population de rester calme et aux fonctionnaires de continuer à travailler.
La Constitution de 2007 est suspendue, "à part le chapitre sur la monarchie". Le porte-parole de l'armée explique que cette mesure vise à "diriger le pays en douceur". Et, si l'activité du gouvernement est interrompue, "le Sénat fonctionne toujours". Le Premier ministre renversé, Niwattumrong Boonsongpaisan, et son gouvernement se sont vus "ordonner" de "se présenter" d'ici à la fin de la journée au nouveau régime, qui a pris le nom de Conseil national pour le maintien de la paix et de l'ordre.
La communauté internationale condamne le coup d'Etat
Dans un communiqué de l'Elysée, François Hollande a condamné "la prise de pouvoir par l'armée en Thaïlande" et appelé à "un retour immédiat à l'ordre constitutionnel et à l'organisation d'un processus électoral". L'Union Européenne a également appelé à un "retour rapide du processus démocratique légitime" dans le pays et à la tenue "le plus vite possible, d'élections inclusives et crédibles".
De leur côté, les Etats-Unis ont décidé de réexaminer leur coopération militaire avec la Thaïlande, estimant qu'il n'y avait "pas de justification à ce coup d'Etat" selon les termes du chef de la diplomatie américaine, John Kerry. Ils pourraient décider de suspendre un exercice militaire conjoint prévu prochainement.
Enfin, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "très préoccupé" par ce coup d'Etat et "demande un retour rapide à un gouvernement constitutionnel, civil et démocratique et un dialogue sans exclusive qui préparera la voie à une paix et une prospérité durables en Thaïlande".