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Serge Atlaoui condamné à mort: Robert Badinter dénonce "un meurtre d'Etat"

Robert Badinter continue de militer contre la peine de mort, plus de trente ans après l'avoir fait abolir en France.

Robert Badinter continue de militer contre la peine de mort, plus de trente ans après l'avoir fait abolir en France. - Eric Feferberg - AFP

L'ancien ministre de la Justice, artisan de l'abolition de la peine de mort en France en 1981, prend la défense du Français qui pourrait être fusillé en Indonésie. Robert Badinter rappelle qu'il "n'a pas de sang sur les mains".

L'exécution de Serge Atlaoui serait "un meurtre d'Etat, réalisé par la voie judiciaire". Robert Badinter, ancien ministre de la Justice et architecte de l'abolition de la peine de mort en France, ne mâche pas ses mots pour défendre le Français, qui risque désormais à tout moment d'être exécuté en Indonésie, où le gouvernement a annoncé jeudi avoir donné l'ordre de préparer l'exécution.

Mais Robert Badinter ne défend pas le résident français uniquement par principe. Il dit demander une grâce présidentielle "au nom de l'abolition comme principe, mais particulièrement à la vue de sa situation familiale. Nous n'avons pas affaire à un homme qui a du sang sur les mains. Ce n'est pas un homme qui a fait preuve de violence, pas non plus un mafieux ou un baron de la drogue", martèle-t-il sur RTL.

Premier Français fusillé depuis l'abolition

Serge Atlaoui a été condamné à mort en 2007, après avoir été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin d'ecstasy. Le Français maintient qu'il ne savait pas que l'usine qui l'avait engagé pour installer des machines produisait en réalité de la drogue. La justice indonésienne lui a quant à elle collé l'étiquette de chimiste.

"Ce meurtre délibéré a des raisons de politique interne, le nouveau président veut démontrer sa fermeté implacable face au trafic de drogue", s'insurge Robert Badinter. "Nul besoin de s'en prendre à sa vie pour parvenir à ce résultat".

S'il était fusillé, Serge Atlaoui serait le premier Français condamné à mort à l'étranger à être exécuté depuis l'abolition de la peine capitale en France en 1981, comme le confirmait le directeur de l'association "Ensemble contre la peine de mort" sur BFMTV. De nombreux Français ont passé des années dans le couloir de la mort, mais aucune de ces sentences n'a pour l'instant été exécutée.

J.S