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Russie: Vladimir Poutine veut réduire l'influence du groupe Wagner, Evgueni Prigojine lui tient tête

Le patron du groupe paramilitaire Wagner a répondu défavorablement à une demande de Vladimir Poutine, perçue comme une tentative de réduction de l'influence de sa milice, en conflit ouvert avec l'état-major russe.

Le bras de fer commence. Habitué de sorties acerbes contre le ministre de la Défense russe, le patron du groupe paramilitaire Wagner Evgueni Progojine a, pour l'une des premières fois mercredi, tenu tête au président russe Vladimir Poutine.

Depuis le début du conflit en Ukraine, le chef de la milice privée, très engagée sur le front, est en conflit ouvert avec l'état-major russe, et son ministre Sergueï Choïgou. Ce dernier, cible de critiques en pleine contre-offensive ukrainienne, a ordonné que les "détachements de volontaires" combattants pour la Russie signent un contrat, d'ici la fin du mois de juin, les rattachant officiellement à l'armée.

Après un premier refus catégorique d'Evgueni Prigojine, le président russe a soutenu mardi l'initiative de son ministre. "Cela doit être fait et cela doit être fait le plus rapidement possible", a-t-il déclaré devant des blogueurs pro-guerre, mentionnant "le bon sens" et le respect de la loi.

"Aucun contrat avec Choïgou"

Dans la foulée des propos du président russe, ce mercredi, le patron de Wagner a de nouveau réagi à cette initiative, perçue comme un moyen de réduire l'influence et l'indépendance de ses soldats: "Wagner ne signera aucun contrat avec Choïgou."

"Lorsque nous avons commencé à participer à cette guerre, personne n'a dit que nous serions obligés de conclure des accords avec le ministère de la Défense", s'est-il agacé, alors que ses hommes sont les principaux artisans de la progression à Bakhmout ces hiver et printemps.

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Il a aussi précisé: "Aucun des combattants de Wagner n'est prêt à emprunter à nouveau le chemin de la honte. Et donc personne ne signera de contrats", demandant à Vladimir Poutine de trouver un "compromis".

Evgueni Prigojine a donc pris la décision de ne pas suivre les commandements des plus hauts sommets du Kremlin, contrairement à une autre figure médiatique de la guerre, Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie, qui s'est empressé de signer le contrat, devant les caméras des télévisions d'État, et d'envoyer un message au fondateur de Wagner.

"Nous devons tous abandonner nos propres ambitions, nous rassembler autour de notre commandant en chef suprême Vladimir Poutine, travailler pour des objectifs communs et soutenir nos soldats", a-t-il lancé sur Telegram.

Ce mercredi soir sur notre antenne, Piotr Tolstoï, le vice-président de la Douma, l'équivalent de l'Assemblée nationale en Russie, n'a pas souhaité dramatiser la situation, au contraire: "Les soldats de Wagner sont les meilleurs soldats de l'armée russe, ils vont continuer à attaquer l'armée ukrainienne jusqu'à la frontière polonaise."

Théo Putavy