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Russie: Vladimir Poutine ignore la commémoration des victimes du communisme

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Paradoxe. Quelques heures après avoir ordonné le retour du Mouvement des pionniers dédié à la jeunesse russe à l'époque soviétique, Vladimir Poutine ignore la commémoration des victimes du communisme.

La journée officielle de commémoration en Russie des millions de victimes des répressions de l'époque communiste a été ignorée ce vendredi par les autorités et les télévisions d'Etat et marquée essentiellement par des cérémonies religieuses à Moscou et en province.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine il y a 15 ans, les autorités n'ont jamais organisé de commémoration officielle pour les victimes de Staline. La participation du président russe Vladimir Poutine à des évènements commémoratifs "n'est pas prévue", a indiqué son porte-parole, Dmitri Peskov. Les télévisions publiques n'ont consacré aucune émission spéciale à cette journée de commémoration instaurée en 1991, peu après la disparition de l'URSS.

Seul événement officiel lié à cette journée, un grand musée d'État consacré à l'histoire du Goulag, dans lequel des millions de personnes ont été incarcérées et sont mortes, devait ouvrir vendredi soir à Moscou. Il couvre la période allant jusqu'en 1958, mais pas l'histoire des camps politiques qui ont existé jusqu'à la fin de l'URSS. A Moscou, Saint-Pétersbourg et d'autres grandes villes, des cérémonies religieuses d'initiative privée ont été organisées à la mémoire des victimes. La date a été choisie en référence à la Journée du prisonnier politique en URSS, organisée pour la première fois le 30 octobre 1974 par des dissidents détenus dans les camps de Mordovie et de l'Oural qui avaient alors observé une grève de la faim et refusé de travailler.

Les autorités ont depuis la chute de l'URSS une position ambivalente à l'égard de Staline: officiellement dénoncé pour la Terreur d'État qu'il a orchestrée dans les années 30 et jusqu'à sa mort en 1953, il est toujours enterré devant le Kremlin, sur la place Rouge, l'endroit le plus symbolique et prestigieux de Russie. Son nom est toujours révéré par de nombreux Russes qui mettent en avant son rôle dans la défaite de l'Allemagne nazie face à l'URSS.

En août, les autorités ont adopté une nouvelle politique sur le travail de mémoire des crimes des années 1930, reconnaissant que la réhabilitation des victimes des purges staliniennes n'était "pas terminée". "La Russie ne peut pas devenir pleinement un gouvernement de droit (...) sans la commémoration des millions de ses citoyens victimes des répressions politiques", avait alors déclaré le Premier ministre, Dmitri Medvedev. Malgré ces déclarations, les autorités ont rendu beaucoup plus difficile ces dernières années l'accès aux archives de l'époque pour ceux qui cherchent à connaitre le sort d'un proche disparu dans les purges staliniennes.

la rédaction avec AFP