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Russie: une ex-star de la téléréalité se présente face à Poutine à la présidentielle

Ksenia Sobtchak est candidate à la présidentielle russe.

Ksenia Sobtchak est candidate à la présidentielle russe. - Mladen Antonov - AFP

Ksenia Sobtchak, 35 ans, est candidate à la présidentielle russe. L'opposition dénonce une opération montée par le Kremlin pour redonner de l'intérêt à une élection que les Russes considèrent comme jouée d'avance.

Elle s'appelle Ksenia Sobtchak et son pari est osé. A 35 ans, cette ancienne star russe de la téléréalité se présente à l'élection présidentielle russe de mars prochain, face à… Vladimir Poutine.

"Comme tout citoyen de Russie, j'ai le droit de me présenter à la présidentielle. J'ai décidé d'utiliser ce droit, ne serait-ce que parce que je suis contre tous ceux qui utilisent ce droit d'habitude", déclare la jeune femme sur une vidéo tournée dans sa cuisine, et postée sur un site de campagne dévoilé mercredi dernier.

Un "coup monté" du Kremlin?

Fille de l'ex-maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak, mentor politique de Vladimir Poutine, Ksenia Sobtchak, parfois surnommée la "Paris Hilton russe", a incarné pendant une décennie "la jeunesse dorée" de l'ère Poutine. Vedette de plusieurs émissions de télévision et rédactrice en chef de la version russe du magazine de mode L'Officiel, elle a ensuite rejoint les rangs de l'opposition lors des manifestations contre Vladimir Poutine fin 2011.

La jeune femme compte se présenter en indépendante, et doit donc réunir 300 000 signatures pour que sa candidature soit acceptée par la Commission électorale russe. Un défi qu'elle pourrait relever. Car pour les médias et de nombreux observateurs, cette candidature est un "coup monté" du Kremlin pour reprendre la main à l'approche du scrutin. "L'initiative de Sobtchak n'aurait pas pu avoir lieu sans l'accord du Kremlin", a jugé le politologue Igor Bounine dans le quotidien RBK, y voyant "une figure de compromis".

Créer de l'intérêt pour une élection jouée d'avance

Alors que toute contestation semblait avoir été étouffée, le pourfendeur de la corruption des élites Alexeï Navalny a fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de jeunes ces derniers mois. Il mène campagne dans toute la Russie bien qu'il ait été déclaré inéligible jusqu'à 2028 par la commission électorale en raison d'une condamnation de justice. L'opposant ne se fait aucune illusion quant à la nouvelle candidate: "Sa campagne sera certainement financée par un oligarque ou l'administration présidentielle. Pourquoi? Parce qu'ils ont besoin d'une caricature d'un candidat libéral. (...) C'est le plan du Kremlin", a-t-il déclaré, avant même l'annonce officielle de Ksenia Schotbak. Cette dernière a d'ailleurs accusé Navalny de vouloir garder "le monopole de l'opposition". 

Pour le politologue Konstantin Kalatchev, la candidature de Ksenia Sobtchak s'explique par la "volonté de créer de l'intérêt pour les élections" tout en créant un contre-feu à Alexeï Navalny. "C'est une tentative de construire une candidate libérale et séduisante de manière artificielle", explique-t-il. Vladimir Poutine, lui, ne s'est pas encore déclaré officiellement. Mais sauf surprise, il devrait briguer un quatrième mandat, courant jusqu'en 2024.

A. K. avec AFP