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Russie

Poutine "tueur": pour le Kremlin, Biden veut envenimer la relation russo-américaine

Le président américain Joe Biden affiche une ligne dure face à son homologue russe Vladimir Poutine

Le président américain Joe Biden affiche une ligne dure face à son homologue russe Vladimir Poutine - JIM WATSON, Alexander NEMENOV © 2019 AFP

"Les propos du président américain sont très mauvais, il ne veut clairement pas améliorer les relations avec notre pays", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le Kremlin a accusé jeudi Joe Biden de rechercher la dégradation des relations avec la Russie en accusant Vladimir Poutine d'être un "tueur", des propos qui ont entraîné une aggravation inouïe de la crise russo-américaine. Cette passe d'armes entre rivaux géopolitiques intervient alors que, malgré leurs multiples désaccords, les deux puissances disaient, depuis le changement d'administration américaine, vouloir coopérer sur des dossiers d'intérêts communs.

Mais après l'interview du président américain mercredi, Moscou ne cache pas son ire et parle même d'un risque "d'effondrement" des relations.

"Les propos du président américain sont très mauvais, il ne veut clairement pas améliorer les relations avec notre pays, et c'est de ce principe que nous allons désormais partir", a lâché le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

"Insulte" aux Russes et "attaque" contre le pays

Mercredi, le président Joe Biden avait répondu par l'affirmative à un journaliste lui demandant si le maître du Kremlin était "un tueur". Puis, dans le même entretien, il dit vouloir faire "payer" au président russe l'ingérence dans les élections américaines de 2016 et 2020. Moscou a toujours démenti ces accusations. Vladimir Poutine "en paiera les conséquences", a prévenu Joe Biden, avant de répéter, après une relance : "Vous verrez bientôt le prix qu'il va payer".

L'ensemble de ces propos a été qualifié par le président de la chambre basse du Parlement russe Viatcheslav Volodine d'"insulte" aux Russes et d'"attaque" contre son pays. Un vice-président de la chambre haute, Konstantin Kossatchev, a lui demandé "des explications et des excuses".

Moscou a dès mercredi annoncé rappeler son ambassadeur de Washington, qui partira samedi pour des consultations "sur les moyens de corriger la relation russo-américaine", selon son ambassade. Selon elle, les "déclarations irréfléchies de responsables américains risquent d'entraîner l'effondrement de relations déjà excessivement conflictuelles".

Dmitri Peskov a indiqué que l'ambassadeur, qui restera en Russie plusieurs jours, allait s'entretenir, si nécessaire, avec Vladimir Poutine lui-même, qui ne s'est pas encore exprimé sur le sujet. Le département d'État américain a lui assuré à l'AFP qu'il ne prévoyait pas de rappeler son propre représentant à Moscou. Il faut savoir que le rappel d'un ambassadeur est une chose rare dans l'action diplomatique russe.

Des relations délétères depuis des années

Les relations russo-américaines en particulier et russo-occidentales en général sont délétères depuis des années: annexion de la Crimée, guerre en Ukraine, conflit en Syrie ou encore l'empoisonnement et l'emprisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny. De multiples trains de sanctions et contre-sanctions ont été adoptés en conséquence. Jeudi, le G7 a lui une fois de plus dénoncé "l'occupation" de la Crimée par la Russie.

Le président Biden affiche depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier une grande fermeté à l'égard du Kremlin, par opposition avec la bienveillance souvent reprochée à son prédécesseur Donald Trump jusque dans son camp républicain. Mais la brusque dégradation des rapports russo-américains depuis l'interview de mercredi pourrait menacer la coopération naissante sur des dossiers d'intérêt commun.

Le président Biden a d'ailleurs réaffirmé vouloir "travailler" avec les Russes "quand c'est dans notre intérêt commun". Mais la Maison Blanche a également insisté sur le fait que son locataire n'allait pas pour autant "taire ses inquiétudes au sujet de ce qu'il considère être des actes néfastes".

S. V. avec AFP