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Les civils pris au piège à Marioupol, un aéroport détruit: la situation au soir du onzième jour de la guerre en Ukraine

Un habitant de Kiev en train de traverser à vélo près d'un barrage anti-tank ce samedi.

Un habitant de Kiev en train de traverser à vélo près d'un barrage anti-tank ce samedi. - Sergei SUPINSKY

La situation se tend en Ukraine, où continuent de progresser les troupes russes au 11e jour de la guerre. En attendant l'assault, Kiev se barricade tandis que les efforts diplomatiques se poursuivent, avant un nouveau round de négociations entre Russes et Ukrainiens prévu lundi.

Au onzième jour de leur invasion, les forces russes ont détruit dimanche un aéroport dans le centre de l'Ukraine et poursuivaient leur siège de Marioupol, le grand port du sud-est du pays.

Les lignes de front ont apparemment peu évolué au cours des dernières 24 heures, la capitale Kiev restant sous contrôle ukrainien, tout comme Kharkiv, malgré d'intenses bombardements russes.

La Russie a annoncé mercredi que 498 de ses militaires avaient été tués en Ukraine, selon le premier bilan annoncé de ses pertes dans cette guerre, qui n'a pas été actualisé depuis. L'Ukraine et des observateurs occidentaux assurent de leur côté que le bilan est très nettement supérieur. Kiev affirme que plus de 11.000 soldats russes ont péri. L'ONU a déclaré vendredi avoir comptabilisé 331 civils tués en Ukraine, dont 15 enfants, un bilan potentiellement largement sous-évalué.

· Kiev se barricade dans l'attente de l'offensive

Ce dimanche, Kiev reste sous contrôle ukrainien malgré d'importants bombardements mais les soldats russes se rapprochent. Des observateurs occidentaux ont relevé la présence d'une colonne de centaines de véhicules russes au nord de la capitale, près de l'aéroport de Gostomel. D'intenses affrontements ont eu lieu dans les environs de Gostomel, mais la colonne n'a que peu progressé ces derniers jours.

Le ministère russe de la Défense a affirmé que les militaires russes avaient "éliminé" près de cent avions, 778 chars et autres véhicules blindés et détruit l'aéroport de Starokonstantinov, à mi-chemin entre Kiev et Lviv.

L'Ukraine garde également le contrôle de Tcherniguiv, commune située au nord de Kiev, dont le centre-ville a été dévasté par des pilonnages russes vendredi. De nombreux civils y sont morts ces derniers jours.

· Les civils pris au piège à Marioupol

La deuxième tentative d'évacuation des habitants de Marioupol, un port stratégique du sud-est de l'Ukraine encerclé par les forces russes et leurs alliés, a échoué dimanche, au lendemain d'un premier essai infructueux à cause de la poursuite d'intenses bombardements. Un échec mis sur le compte des "nationalistes ukrainiens" par Vladimir Poutine ce dimanche.

Cette ville de 450.000 habitants est sous "blocus humanitaire", affirme son maire Vadim Boïtchenko, qui évoque des "milliers de blessés" et affirme que "Marioupol n'existe plus".

La chute de cette cité portuaire constituerait un tournant, permettant la jonction entre les troupes russes en provenance de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les autres ports clés de Berdiansk et de Kherson, et celles en provenance du Donbass.

· Un aéroport du centre du pays détruit par des frappes russes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé dimanche que des frappes russes avaient détruit l'aéroport de la ville de Vinnytsia, à quelque 200 kilomètres au sud-ouest de Kiev, bien au-delà de l'avant-garde des forces d'invasion.

· Odessa redoute des bombardements

Odessa, où se trouve le principal port d'Ukraine -sur la mer Noire-, encore aux mains des Ukrainiens, n'a pour l'instant pas été touchée. Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé dimanche la Russie de se préparer à bombarder la ville.

Plsu à l'est, les forces russes mènent aussi une offensive à partir des territoires séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, mais l'ampleur de leur avancée restait inconnue ce dimanche. Les combats ont été intenses autour et à l'intérieur de la ville de Sumy, où le gouvernement ukrainien fait état d'un pilonnage russe et de tentatives d'évacuation d'étudiants étrangers.

· Poutine maintient sa ligne lors d'un nouvel appel avec Macron

Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a affirmé dimanche que ses efforts de médiation dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine étaient "un devoir moral" même s'il y avait peu de chances de réussite, tandis que le pape François a déploré "des fleuves de sang et de larmes" coulant en Ukraine. Ce dernier a demandé l'instauration de couloirs humanitaires.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, lui, a réclamé un "cessez-le-feu général urgent" en Ukraine, dans un entretien téléphonique avec le président russe.

Depuis le lancement de l'offensive militaire russe, Emmanuel Macron ne ménage pas ses efforts pour tenter de convaincre Vladimir Poutine d'abandonner les armes en Ukraine. Les deux hommes se sont à nouveau entretenu pendant 1h45 au téléphone ce dimanche. Un échange au cours duquel Vladimir Poutine a indiqué qu'il "atteindrait ses objectifs" en Ukraine "soit par la négociation, soit par la guerre", selon la présidence française.

Après le bombardement le 4 mars de la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande d'Ukraine et d'Europe, qui a fait craindre une catastrophe et fait monter d'un cran l'inquiétude des pays occidentaux, le président russe a assuré à son homologue français qu'il n'était "pas dans son intention" d'attaquer les centrales nucléaires ukrainiennes. Celles de Zaporojie et de Tchernobyl sont occupées par les forces russes.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV