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Marioupol encerclée, Kiev résiste toujours: la situation au dixième jour de la guerre en Ukraine

Une famille ukrainienne sur le point de quitter le pays, attendant à la gare de Lyiv samedi 5 mars 2022.

Une famille ukrainienne sur le point de quitter le pays, attendant à la gare de Lyiv samedi 5 mars 2022. - Daniel LEAL

Dix jours après le début de l'invasion russe, les Ukrainiens résistent mais les troupes progressent et se rapprochent de la capitale. Dans le même temps, Marioupol est toujours sous les bombardements et l'évacuation des civils a été reportée. Une troisième session de pourparlers entre Kiev et Moscou aura lieu lundi.

Les Ukrainiens ont reporté ce samedi l'évacuation des civils du port stratégique de Marioupol, accusant les forces russes de continuer à bombarder la ville et ses alentours après avoir annoncé un "cessez-le-feu". L'armée russe assiège cette ville et avance ailleurs dans le pays, avec toujours de féroces combats autour de la capitale Kiev.

La prise de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, bombardée par les Russes et leurs alliés depuis plusieurs jours, serait un important tournant dans le conflit au dixième jour de l'invasion, alors que Moscou et Kiev se préparent à un troisième round de négociations lundi.

Après dix jours de guerre, le bilan est impossible à vérifier de manière indépendante. Kiev fait état d'au moins 350 civils et près de 10.000 soldats russes tués, sans mentionner ses pertes militaires, et Moscou évoque 2870 morts côté ukrainien et 498 côté russe. En dix jours, les Russes ont largement avancé dans le territoire ukrainien, mais ils n'ont jusqu'ici pris que deux villes clé, Berdiansk et Kherson, sur la côte sud de la Mer Noire.

· Les troupes russes avancent et se rapprochent de Kiev

Ce samedi, les forces russes poursuivent leur progression et se rapprochent de Kiev, rencontrant une tenace résistance et bombardant parfois des immeubles d'habitation, notamment à Tcherniguiv, à 150 km au nord de la capitale, où des dizaines de civils ont été tués ces derniers jours.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi que les forces ukrainiennes avaient lancé une contre-attaque autour de Kharkiv, théâtre de bombardements parmi les plus intenses depuis le début de la guerre.

L'armée russe, qui continue de pilonner les alentours de Kiev, occupe depuis vendredi la centrale nucléaire de Zaporijjia, où des frappes de son artillerie ont provoqué un incendie selon les Ukrainiens - dont Moscou nie être à l'origine.

· Situation de plus en plus critique à Marioupol

Le maire de la ville de Marioupol, située au sud-est de l'Ukraine, a annoncé que l'évacuation des civils prévue ce matin était reportée "pour des raisons de sécurité" et "non-respect du cessez-le-feu", selon les mots du maire. En effet, le porte-parole de l'armée russe a dit avoir repris "l'offensive" à Marioupol ainsi qu'à Volnovakha, deux villes assiégées situées dans le sud-est de l'Ukraine.

"Pas un seul civil n'a pu quitter Marioupol et Volnovakha le long des couloirs de sécurité annoncés. La population de ces villes est détenue par des formations nationalistes comme boucliers humains", a ajouté le porte-parole du ministère de la Défense.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a qualifié de "déchirante" la situation à Marioupol.

• De nouvelles menaces de Poutine sur une zone d'exclusion aérienne en Ukraine

Le président russe a souligné que la Russie considérerait comme cobelligérant tout pays tentant d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine. L'idée, revendiquée par Kiev, a été rejetée par les membres de l'OTAN qui veulent éviter de se retrouver engagés dans le conflit. Le chef d'état major américain a considéré samedi que mettre en place une telle zone signifierait "combattre activement" les forces russes.

Par ailleurs, Vladimir Poutine affirme ne pas prévoir de décréter la loi martiale en Russie. "La loi martiale est mise en oeuvre (...) en cas d'agression notamment dans les régions où des combats ont lieu. Nous n'avons pas une telle situation, et j'espère qu'elle n'interviendra pas", a-t-il dit, interrogé par des employées de la compagnie aérienne russe Aeroflot, alors que de nombreuses rumeurs ont fait craindre à des Russes une mobilisation et l'introduction de la loi martiale.

• Anthony Blinken en visite à la frontière avec l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rencontré samedi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, en signe de solidarité. Il a ainsi promis ce jour davantage d'aides pour les réfugiés ukrainiens. Il a notamment indiqué que la Maison Blanche tente d'obtenir 2,75 milliards de dollars en soutien aux personnes qui doivent fuir le pays en raison de l'invasion russe.

À ses côtés, le ministre polonais des Affaires étrangères Zbigniew Rau a déclaré que la Pologne resterait ouverte à tous ceux qui fuient l'Ukraine. Selon le dernier décompte de l'ONU, près de 1,37 million de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février.

Une troisième session de négociations russo-ukrainiennes aura lieu lundi, selon le chef de la délégation ukrainienne. Les deux précédentes n'ont pas abouti à un arrêt des combats, mais les parties s'étaient entendues pour mettre en place des "couloirs humanitaires" en vue de l'évacuation des civils.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV