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Guerre en Ukraine: ce que l'on sait du cessez-le-feu décrété par Vladimir Poutine les 6 et 7 janvier

Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine le 18 décembre 2022.

Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine le 18 décembre 2022. - MIKHAIL METZEL / POOL / AFP

Le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak a qualifié cette trêve, la première d'ampleur depuis le début du conflit, "d'hypocrisie".

Une trêve pour Noël. Ce jeudi, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a demandé à ses soldats déployés en Ukraine de cesser les hostilités les 6 et 7 janvier prochains, dans le cadre du Noël orthodoxe. Il s'agit de la première trêve d'ampleur depuis le début du conflit le 24 février dernier.

• Du 6 janvier 12h au 7 janvier minuit

Cette décision prise par le président russe intervient après un appel du patriarche Kirill, primat de l'Église orthodoxe russe. Cet ancien membre du KGB est un des piliers du régime de Vladimir Poutine, et n'a jamais caché son soutien à "l'opération spéciale" de Moscou en Ukraine.

"Compte tenu de l'appel de Sa Sainteté le patriarche Kirill, je charge le ministre russe de la Défense d'introduire un régime de cessez-le-feu sur toute la ligne de contact entre les parties en Ukraine à partir de 12h le 6 janvier de cette année jusqu'à minuit le 7 janvier", a indiqué Vladimir Poutine.

Il a également été demandé aux forces ukrainiennes de respecter cette trêve, afin de donner la possibilité aux orthodoxes du pays, majoritaires, d'assister aux célébrations religieuses.

Il s'agit de la première trêve à caractère général depuis le début du conflit. Auparavant, uniquement des accords locaux ont été signés, notamment pour permettre l'évacuation de l'aciérie d'Azovstal, située à Marioupol, qui a fait l'objet d'une résistance acharnée au printemps avant que la ville ne tombe totalement aux mains des Russes.

La trêve annoncée par Vladimir Poutine intervient moins d'une semaine après la frappe ukrainienne meurtrière dans la région occupée depuis 2014 de Makiïvka, dans l'est du pays. La Russie a dû pour la première fois reconnaître la mort de 89 soldats - un chiffre largement sous-estimé selon Kiev - suscitant de rares critiques à l'encontre de Vladimir Poutine et du commandement militaire.

• Le rôle de la Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a appelé Vladimir Poutine ce jeudi matin, avançant une proposition dans ce sens. Il avait proposé à son homologue russe un "cessez-le-feu" unilatéral pour soutenir "les appels à la paix et les négociations entre Moscou et Kiev".

Depuis le début du conflit, le chef d'État turc, qui a également échangé avec Volodymyr Zelensky jeudi, souhaite peser dans une résolution du conflit en Ukraine. Au printemps, de vaines négociations avaient été organisées dans la cité balnéaire d'Antalya.

Avant d'annoncer la trêve, Vladimir Poutine avait indiqué à Recep Tayyip Erdoğan que Moscou était prêt à un "dialogue sérieux" avec l'Ukraine à condition que celle-ci se plie aux exigences russes et accepte les "nouvelles réalités territoriales" nées de l'invasion de ce pays en février.

• Kiev fustige "l'hypocrisie" de Moscou

Côté ukrainien, à qui on a demandé de respecter cette trêve, la réaction ne s'est pas faite attendre.

"La Russie doit quitter les territoires occupés, c'est alors seulement qu'il y aura une 'trêve temporaire'. Gardez votre hypocrisie", a réagi sur Twitter le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'a, à l'heure actuelle, pas commenté la demande trêve russe. Il insiste pour un retrait total des forces russes de son pays, Crimée comprise, avant tout dialogue avec Moscou. Dans le cas contraire, il promet de reprendre par la force les territoires occupés.

Les citoyens ukrainiens se sont également montrés critiques. "Ce n’est pas une fois dans l’année qu’on doit avoir la paix sans tuer les gens", a déclaré sur BFMTV ce jeudi Ievgeni Lutsenko, un habitant de Kharkiv. "Nous ne croyons pas Poutine (...). C'est une manipulation, une farce", a ajouté Alina, une habitante de Kiev.

• Réactions internationales sceptiques

Les gouvernements occidentaux se sont également montrés sceptiques face à l'annonce de trêve russe. Joe Biden a estimé jeudi que Vladimir Poutine cherchait "à se donner de l'air" en annonçant un cessez-le-feu en Ukraine à l'occasion du Noël orthodoxe, première trêve d'ampleur depuis le début de l'invasion russe.

Le président russe "était prêt à bombarder des hôpitaux, des crèches et des églises (...) le 25 décembre et lors du Nouvel an (...) Je pense qu'il cherche à se donner de l'air", a-t-il appuyé.

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a également affiché sa réticence. "Si Poutine voulait la paix, il ramènerait ses soldats à la maison et la guerre serait terminée. Mais apparemment, il veut poursuivre la guerre, après une brève interruption", a-t-elle indiqué sur Twitter.

Jules Fresard, avec l'AFP