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Conflit en Ukraine: de nombreux médias internationaux suspendent leur activité en Russie

Plusieurs médias internationaux dont la BBC, CNN ou l'agence Bloomberg ont réagi à l'annonce d'une loi russe particulièrement restrictive à l'égard de la presse en annonçant la suspension du travail de tous leurs journalistes en Russie.

L'accès à l'information est de plus en plus restreint à Moscou. Ces derniers jours, de nombreux médias internationaux annoncent la suspension du travail de tous leurs journalistes en Russie, après la mise en place d'une loi russe particulièrement restrictive à l'égard des journalistes.

La Russie a signé vendredi une loi introduisant de lourdes peines de prison pour toute personne publiant des "informations mensongères" sur l'armée avec des peines allant jusqu'à 15 ans de prison, pour la propagation d'informations visant à "discréditer" les forces militaires et punit également tout appel à sanctionner Moscou.

Canada, États-Unis, Allemagne, Italie, France...

Dans la foulée de cette décision, l'agence Bloomberg News a annoncé vendredi qu'elle allait suspendre temporairement son "travail de collecte de l'information en Russie", selon son rédacteur en chef John Micklethwait.

Cette loi "semble écrite pour faire de chaque journaliste indépendant un criminel, par simple association, ce qui rend impossible de continuer à faire vivre un semblant de journalisme dans le pays", a ajouté le rédacteur en chef de l'agence Bloomberg John Micklethwait.

Les radiotélévisions publiques britannique BBC et canadienne CBC/Radio Canada ont elles aussi annoncé suspendre temporairement leur couverture journalistique depuis la Russie, avant que CNN ne leur emboîte le pas quelques heures plus tard. Vendredi, la chaîne américaine d'informations américaine a également annoncé suspendre dans la foulée la diffusion de ses programmes en Russie "le temps d'évaluer la situation".

Ce sont ensuite les chaînes de télévision publique allemandes ARD et ZDF qui ont ensuite annoncé samedi la suspension temporaire de leur couverture depuis Moscou, le temps d'"examiner les conséquences" de la récente loi russe menaçant de sanctions pour toute diffusion d'"informations mensongères sur l'armée". Ils "continueront toutefois d'informer le public de manière exhaustive sur ce qui se passe en Russie et en Ukraine" depuis d'autres sites en dehors de la Russie.

Même son de cloche du côté de l'Italie, où la chaîne de télé publique RAI a annoncé prendre la même mesure, devenue "nécessaire afin de protéger la sécurité des journalistes sur place et la plus grande liberté possible dans l'information concernant ce pays". En Espagne, l'agence de presse EFE, le quotidien El Pais ainsi que la radiotélévision publique espagnole ont annoncé samedi suspendre leur activité en Russie, après le vote d'une nouvelle loi prévoyant de la prison ferme pour la diffusion de "fausses informations" sur la guerre en Ukraine, selon les critères des autorités russes.

Un contexte de "guerre de l'information"

Le journal russe indépendant Novaïa Gazeta, lui, a indiqué se voir "obligé de supprimer nombreux contenus" pour éviter les sanctions mais vouloir "continuer à travailler".

En France, le groupe radiophonique public Radio France a dit samedi attendre une expertise juridique pour décider de suspendre ou non la correspondance de ses journalistes en Russie. Dans un premier temps, une responsable de la communication du groupe avait indiqué à l'AFP que Radio France suspendait la correspondance de ses journalistes, dans l'attente des résultats d'une expertise juridique et d'un avis sur cette loi. Radio France "ne suspend pas sa correspondance depuis Moscou", a tweeté ensuite le directeur de l'information de Radio France, Vincent Giret.

Ce samedi, le Kremlin a défendu la "fermeté" nécessaire de sa loi réprimant "les informations mensongères" sur l'armée russe pour faire face à une "guerre de l'information" menée selon lui contre la Russie en lien avec le conflit en Ukraine.

"Dans le contexte de la guerre de l'information, il fallait adopter une loi dont la fermeté était adaptée, ce qui a été fait", a dit le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, au lendemain de son entrée en vigueur. Enfin, Moscou a également bloqué Facebook et "restreint l'accès" à Twitter.

La Russie a envahi l'Ukraine le 24 février et mène la guerre sur tout le territoire en pilonnant les grandes villes. Plus de 1,2 million de personnes ont déjà fui le pays, selon l'ONU.

Jeanne Bulant avec AFP Journaliste BFMTV