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Pakistan

Le Pakistan va-t-il faire exécuter un homme en fauteuil roulant?

Abdul Basit est devenu tétraplégique en prison.

Abdul Basit est devenu tétraplégique en prison. - Capture d'écran site Human Right Watch.

Devenu tétraplégique après une maladie contractée au cours de sa détention, Abdul Basit, un Pakistanais de 43 ans, en fauteuil roulant, a été condamné à mort pour meurtre. Sa situation médicale le place au coeur d'une bataille juridique.

Il s’appelle Abdul Basit, se déplace en fauteuil roulant et pourrait bientôt être exécuté par pendaison par les autorités pakistanaises, rapporte le Washington Post. Reconnu coupable de la mort de l’oncle de son ex-petite-amie en 2009, le prisonnier âgé de 43 ans est devenu tétraplégique au cours de sa détention, après avoir attrapé la tuberculose au sein des murs de la prison.

Abdul Basit, qui ne peut donc pas se tenir debout, pourrait ainsi être soulevé de son fauteuil puis amené jusqu’à l’échafaud, ou bien pendu encore assis sur sa chaise roulante, souligne le quotidien américain.

Une exécution "illégale"

La pendaison d’une personne handicapée se déplaçant en fauteuil roulant serait une première au Pakistan, et le cas d’Abdul relance ainsi le débat sur la "cruauté" du système judiciaire du pays.

Les avocats du condamné ont fait valoir, mardi, l’illégalité de cette exécution, qui violerait selon eux la réglementation en vigueur sur la question. En effet, selon l’ONG Justice Project Pakistan, qui défend les droits des prisonniers et est opposée à la peine de mort, le condamné à mort doit "marcher jusqu’à la potence et se tenir debout sur l’échafaud", ce qu'Abdul Basit ne pourra pas faire, compte tenu de sa situation. "Ces règles ne peuvent pas être appliquées à Abdul car elles doivent être suivies étape par étape, et ce n’est pas possible dans ce cas", souligne ainsi Namra Gilani, une avocate de l’ONG.

"Spectacle désolant"

De son côté, Human Right Watch dénonce la cruauté de cette condamnation. "Nous nous opposons à la peine de mort en toute circonstance, puisque c'est une punition intrinsèquement cruelle. Le spectacle désolant de l'exécution d'une personne avec un handicap sévère ne fait que souligner cette cruauté", a écrit l’ONG, mercredi.

Prévue le 29 juillet dernier, l’exécution d’Abdul Basit avait été suspendue par la Haute-Cour de Lahore, afin que la situation médicale du prisonnier soit à nouveau examinée. L’institution juridique rendra sa décision le 31 août et scellera le sort d’Abdul.

Selon Human Right Watch, 209 personnes ont été exécutées au Pakistan depuis le début de l’année. Un chiffre impressionnant, lié à l’attaque de décembre 2014 à Peshawar, qui a entraîné la multiplication des mises à mort de condamnés.

A.S.