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Pakistan

Le Pakistan privé de "Zero Dark Thirty" et "Homeland"

Les responsables pakistanais voient dans "Zero Dark Thirty" une oeuvre manichéenne à la gloire des Américains justifiant un raid meurtrier illégal dans un pays souverain.

Les responsables pakistanais voient dans "Zero Dark Thirty" une oeuvre manichéenne à la gloire des Américains justifiant un raid meurtrier illégal dans un pays souverain. - -

Pas de "Zero Dark Thirty" sur la fin de Ben Laden, ni de "Homeland" : au Pakistan, cinémas et télévisions se censurent.

Pas de Zero Dark Thirty sur la fin de Ben Laden, ni de Homeland: au Pakistan, où fut tué le chef d'Al-Qaïda, cinémas et télévisions se censurent pour ne pas remuer le couteau dans les plaies d'un pays épidermique sur les questions de terrorisme et d'islam.

Ces boycottages sont la dernière forme de censure non officielle dans ce pays où les autorités bloquent YouTube depuis quatre mois car il diffuse L'innocence des musulmans, un film américain parodique de mauvaise qualité sur l'islam qui est jugé offensant.

Une oeuvre jugée manichéenne à la gloire des Américains

Le succès international de Zero Dark Thirty n'y a rien fait: les très populaires cinémas du Pakistan ont décidé de ne pas diffuser le film de Kathryn Bigelow, qui romance une décennie de traque américaine d'Oussama Ben Laden, avec en point d'orgue son exécution sommaire par un commando de forces spéciales américaines le 2 mai 2011 à Abbottabad, dans le nord du Pakistan.

Encore aujourd'hui, dans ce pays très anti-américain, une partie de la population crie à la mise en scène américaine, affirment que Ben Laden ne se trouvait pas dans le pays et dénoncent un complot contre leur pays et l'islam.

Le film a certes déclenché une controverse côté américain en montrant le rôle joué par la torture dans la découverte du repaire de Ben Laden.

>> Lire aussi - "Zero Dark Thirty", succès annoncé et vraie polémique

Mais les responsables pakistanais y voient surtout une oeuvre manichéenne à la gloire des Américains et justifiant un raid meurtrier illégal dans un pays souverain, le leur. Un film qui trahit à leurs yeux le peu de considération humiliant de Washington pour le Pakistan, ses habitants et l'islam.

Même sort pour les séries Last Resort et Homeland

Côté télévision, Max Media, qui détient les droits de la chaîne câblée Star World au Pakistan, refuse de diffuser Last Resort et Homeland.

Last Resort, qui raconte l'histoire d'un sous-marin américain, met en scène des bombardements nucléaires américains sur le Pakistan.

Homeland, sur les menaces d'attentats d'Al-Qaïda aux Etats-Unis, ne mentionne elle que très brièvement le Pakistan. Mais elle tend elle aussi à présenter souvent l'islam comme une religion guerrière.

"Ces séries sont contre nos intérêts nationaux, nos valeurs culturelles et notre idéologie", a expliqué un responsable de Max Media sous couvert d'anonymat, arguant également que même "une vague référence à l'islam peut enflammer la violence au Pakistan".