Pakistan: qui sont les auteurs de l'attaque sanglante de Peshawar?
Le Pakistan est sous le choc après l'attaque de ce mardi, la plus meurtrière qu'ait connu le pays. Le Mouvement des Talibans du Pakistan (Tehreek-e-Taliban Pakistan, TTP) a revendiqué l'attaque contre une école d'enfants de militaires, qui a fait 141 morts. Il est le principal groupe rebelle islamiste du pays, également responsable de la tentative d'assassinat contre la prix Nobel de la paix Malala Yousafzai.
Sur la liste noire des Etats-Unis
Proche d'Al-Qaïda et sur la liste noire des Etats-Unis depuis le 1er septembre 2010, le TTP est une coalition hétérogène de groupes jihadistes qui a tué des milliers de Pakistanais depuis le début en 2007 de sa "guerre sainte" contre le gouvernement, accusé d'être l'allié des Etats-Unis dans la région.
Le TTP avait jusqu'à cette année pour principal refuge les zones tribales reculées du Waziristan du Nord à la lisière de l'Afghanistan, épicentre de la mouvance jihadiste régionale après la chute fin 2001 des talibans en Afghanistan.
En attaquant ce mardi une école pour les enfants de militaires à Peshawar, au Pakistan, le TTP a dit vouloir se venger de l'offensive militaire en cours contre lui depuis mi-juin dans la région.
Tentative d'assassinat de Malala
Le 9 octobre 2012, le mouvement avait intercepté le car scolaire de Malala, alors âgée de 15 ans et qui dénonçait ses exactions, et lui avait tiré une balle dans la tête, affirmant l'avoir "visée pour son rôle de pionnière dans la défense de la laïcité" et sa "campagne contre la charia" (loi islamique).
En novembre 2013, le chef du TTP, Hakimullah Mehsud, a été tué par un tir de drone américain dans les zones tribales et remplacé par le mollah Fazlullah, également appelé Mollah Radio en raison de ses prêches pro-charia sur des antennes locales. Jusqu'alors, tous les chefs du TTP étaient issus de la tribu Mehsud, qui forme l'épine dorsale de la rébellion.
Le gouvernement pakistanais avait dénoncé la frappe du drone américain, intervenue alors qu'il tentait de convaincre les rebelles de rejoindre un processus de paix naissant.
Une opération anti-talibans lancée en juin
Mi-juin, après l'échec de nouvelles tentatives de pourparlers et des demandes à répétition de Washington à l'approche du retrait d'Afghanistan prévu fin 2014 de l'essentiel des troupes de combat de l'Otan, l'armée pakistanaise a lancé une vaste opération militaire contre les talibans dans le Waziristan du Nord.
Depuis la mort d'Hakimullah Mehsud, le TTP semble fragilisé et en proie à des tensions croissantes. En mai, l'un de ses commandants, Khan Said Sajna, l'a quitté puis, en septembre, des combattants de la zone tribale de Mohmand ont annoncé la formation d'une faction dissidente baptisée le Jamaat ul-Ahrar.
Sur fond de ces dissensions, des tracts en soutien à l'organisation Etat islamique (EI) qui contrôle des zones de Syrie et d'Irak ont fait leur apparition dans le Nord-Ouest. Le 22 octobre, le TTP a annoncé le limogeage de son influent porte-parole Shadidullah Shahid, pour avoir affirmé son soutien à l'EI en contradiction avec son allégeance historique envers le mollah Omar, chef des talibans afghans.