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Asie

Les négociations du G20 butent sur la Chine

Les pays du G20 réunis à Paris tentaient samedi de parvenir in extremis à un accord sur les indicateurs permettant de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux, les discussions butant sur la résistance de la Chine. /Photo prise le 19 février 2011/Reu

Les pays du G20 réunis à Paris tentaient samedi de parvenir in extremis à un accord sur les indicateurs permettant de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux, les discussions butant sur la résistance de la Chine. /Photo prise le 19 février 2011/Reu - -

PARIS (Reuters) - Les pays du G20 réunis à Paris tentaient samedi de parvenir in extremis à un accord sur les indicateurs permettant de mesurer les...

PARIS (Reuters) - Les pays du G20 réunis à Paris tentaient samedi de parvenir in extremis à un accord sur les indicateurs permettant de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux, les discussions butant sur la résistance de la Chine.

Les représentants de Pékin rejettent la référence aux taux de change réels et aux réserves de change pour mesurer ces déséquilibres et les ministres des Finances du Groupe ont décidé de débattre des fluctuations des prix des matières premières avant de revenir ultérieurement sur les indicateurs.

Le ministre chinois des Finances, Xie Xuren, a en outre suggéré de remplacer le critère des comptes courants par celui de la balance commerciale, ce que les Européens refusent, parlant, comme pour les taux et les réserves de change, de "ligne rouge".

"Cela se présente mal pour l'instant, les négociations sont devenues très politiques", a déclaré un haut responsable du G20. "Mais je ne dirais pas qu'on est dans l'impasse. Les ministres veulent mettre quelque chose dans le communiqué."

Le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, a publiquement pointé du doigt la Chine.

"La Chine et le Brésil ont des objections, y compris sur les taux de change réels", a-t-il dit à Sky Italia TV. "Certains pays ne veulent pas que les mots taux de change soient inclus dans la série d'indicateurs. C'est pour cela que les négociations sont bloquées."

Un échec des discussions lors de cette réunion serait de mauvais augure pour la présidence française du G20, qui a fait de la lutte contre les déséquilibres l'une de ses priorités.

L'ALLEMAGNE CONFIANTE

Le ministre allemand des Finances avait exprimé en début de matinée sa confiance dans la possibilité d'un accord.

"Je pense que nous parviendrons à un accord aujourd'hui sur les indicateurs avec lesquels nous mesurerons à l'avenir les déséquilibres, pour combattre les dysfonctionnements et parvenir à une croissance équilibrée", a dit Wolfgang Schäuble à la presse avant la reprise des pourparlers entre les ministres.

"Je suis vraiment déterminé à ce que nous puissions nous mettre d'accord sur une large série d'indicateurs."

Vendredi, Nicolas Sarkozy avait appelé le G20 à ne pas laisser les discussions "s'enliser" sur ce dossier, appelant ministres et banquiers centraux à se concentrer sur "l'essentiel".

Premier exportateur mondial et deuxième puissance économique de la planète, la Chine s'emploie à réduire son énorme excédent commercial (plus de 130 milliards d'euros en 2010) mais elle dispose parallèlement des premières réserves de change mondiales, estimées à plus de 2.000 milliards d'euros.

RENDEZ-VOUS EN AVRIL

"On discutera du processus de mise en application des indicateurs jusqu'en avril à Washington", a précisé Wolfgang Schäuble en référence à la prochaine réunion ministérielle du G20, prévue du 14 au 16 avril dans la capitale américaine à l'occasion des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Il a aussi assuré Paris du soutien de Berlin à son projet de taxation des transactions financières pour financer l'aide internationale au développement des pays les plus pauvres.

"Nous allons soutenir la France là-dessus", a-t-il dit.

Cette proposition d'une taxation "infinitésimale" selon l'adjectif employé vendredi par le président français se heurte entre autres à l'opposition de Londres et de Washington.

Elle fait partie des priorités de la présidence française du G20 détaillées par Nicolas Sarkozy le mois dernier, avec, outre la réduction des déséquilibres, la réforme du système monétaire international et la lutte contre la volatilité des prix des matières premières.

"Les émeutes en Afrique du Nord ont été nourries par la spéculation", a dit Giulio Tremonti.

"Le G20 commence à comprendre" selon lui que les prix du marché pour le moment ne sont pas les bons prix.

Les Etats réunis à Paris représentent 85% de l'activité économique mondiale.

Gernot Heller, avec Emmanuel Jarry, Marc Angrand pour le service français, édité par Yves Clarisse