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Asie

La "Dame de Fer" indienne met fin à seize ans de grève de la faim

Comme un symbole, elle a même mangé du miel devant les journalistes réunis ce mardi dans sa chambre d'hôpital.

Comme un symbole, elle a même mangé du miel devant les journalistes réunis ce mardi dans sa chambre d'hôpital. - BIJU BORO / AFP

Irom Sharmila avait entamé son jeûne en l'an 2000 pour dénoncer les violences commises par l'armée dans le Manipur, État du nord-est de l'Inde où règne la loi martiale. Elle se lance aujourd'hui en politique.

En Inde, on la surnomme "la Dame de Fer du Manipur", l'État du nord-est du pays dont elle est originaire. La militante des droits de l'Homme Irom Sharmila a décidé de mettre fin à la grève de la faim - qu'elle avait débutée seize ans plus tôt - pour se présenter aux élections législatives, signale The Times of India. Comme un symbole, elle a même mangé du miel devant les journalistes réunis ce mardi dans sa chambre d'hôpital.

Irom Sharmila a entamé sa grève de la faim en l'an 2000 après avoir assisté à la mort de dix jeunes hommes, assassinés par une organisation paramilitaire à un arrêt de bus. La justice interprète alors son jeûne comme une tentative de suicide, un acte puni par la loi en Inde, et la condamne à un an de prison. Mais, tout juste libérée, la militante reprend sa grève de la faim et, donc, le chemin de la prison. Elle est ainsi arrêtée puis libérée une dizaine de fois en seize ans, ne survivant que grâce aux sondes nasales qui l'alimentent contre son gré. 

En deux décennies, Irom Sharmila est devenue le symbole de la lutte contre la mainmise de l'armée dans le Manipur, État voisin de la Birmanie et annexé de force par l'Inde en 1949. La loi martiale y a été instaurée en 1958 pour mater la rébellion indépendantiste, forte d'une vingtaine de groupes qui réclament l'autonomie. Elle confère des pouvoirs spéciaux à l'armée, qui a le droit d'arrêter n'importe qui de façon arbitraire et de tirer à vue sur ceux qu'elle soupçonne d'être des militants armés. Les associations de défense des droits de l'Homme, comme Amnesty International, ont à de nombreuses reprises alerté sur cette situation, sans effet.

"Je dois changer de stratégie"

Si Irom Sharmila a toujours maintenu qu'elle n'accepterait de se nourrir à nouveau que le jour où la loi serait abrogée, elle devrait quitter sa chambre d'hôpital cette semaine pour préparer sa campagne en vue des élections du Manipur. L'activiste a confié ce mardi qu'elle souhaitait "s'opposer au gouvernement lors des prochaines élections", en tant que candidate indépendante. "J'ai jeûné pendant seize ans sans obtenir quelque résultat que ce soit. Je dois changer de stratégie", a-t-elle ajouté. 

Les membres de son entourage se disent en tout cas soulagés de cette décision, la santé de la militante, aujourd'hui âgée de 44 ans, s'étant beaucoup détériorée ces dernières années.

Claire Rodineau