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Japon

Pour la première fois, une femme va diriger Tokyo

Yuriko Koike lors d'un discours de campagne le 30 juin 2016

Yuriko Koike lors d'un discours de campagne le 30 juin 2016 - Kazuhiro Nogi - AFP

La capitale du Japon, plus grande ville monde, va être dirigée par une femme. Yuriko Koike, ancienne ministre de l'Environnement et de la Défense, a été élue dimanche gouverneure de Tokyo. Une première.

C'est une première au pays du Soleil levant. Une femme a été élue dimanche gouverneure de Tokyo, véritable révolution pour l'immense ville de 13,6 millions d'habitants - dans une agglomération de 40 millions d'habitants, la plus peuplée du monde - qui n'a été dirigée jusqu'à présent que par des hommes. Yuriko Koike, politicienne expérimentée de 64 ans favorable à une plus grande implication des femmes en politique, était opposée à un nombre record de 20 autres candidats après la démission en juin de son prédécesseur, pris dans un scandale financier.

Elue pour quatre ans, cette ex-ministre de l'Environnement puis de la Défense, parlant couramment l'anglais et l'arabe, aura pour principale tâche de superviser la préparation des Jeux olympiques de 2020 plus de cinquante ans après les précédents JO d'été de Tokyo en 1964.

"Ce sera le Tokyo que vous n'avez jamais vu"

"Je mènerai la politique de Tokyo d'une manière sans précédent, ce sera le Tokyo que vous n'avez jamais vu", a-t-elle déclaré d'une voix enrouée par deux semaines de campagne. "J'ai appelé à un Tokyo où chacun peut briller, des enfants aux personnes âgées et aux handicapés, afin que la vie de tous devienne meilleure".

Son mandat doit en théorie s'achever juste après l'ouverture des Jeux. Les préparatifs ont déjà connu plusieurs couacs embarrassants: le choix de la ville est entaché de soupçons de corruption sur lesquels enquête la justice française, le premier projet de stade devenu trop onéreux a été annulé après des semaines de polémique et le logo initial, accusé de plagiat, a été retiré. Les médias japonais évoquent un possible doublement ou même triplement du coût par rapport à un montant initial de 6,40 milliards d'euros. "Je voudrais revoir les bases du budget, afin que les habitants de Tokyo voient clairement ce qu'ils vont devoir payer", a-t-elle assuré.

Elle défile contre le réchauffement climatique

Ancienne présentatrice de télévision, Yuriko Koike a obtenu un diplôme de sociologie de l'université du Caire en 1976 et a travaillé dans sa jeunesse comme interprète en arabe. Elle a même interviewé le dictateur libyen Mouammar Kadhafi et le chef palestinien Yasser Arafat pour la télévision japonaise.

Devenue très connue en tant que présentatrice, Yuriko Koike est entrée en politique il y a plus de vingt ans. Ministre de l'Environnement, elle a mené la campagne contre le réchauffement climatique qui encourageait fonctionnaires et salariés à adapter leurs tenues selon les saisons afin de ne pas forcer sur les climatiseurs et le chauffage. Communicante avisée, elle avait organisé un défilé de mode et parcouru elle-même les allées pour promouvoir cette campagne.

Le front ceint d'un bandeau vert

Yuriko Koike, qui se montre souvent le front ceint d'un bandeau vert, était devenue, dans un pays largement dominé par les hommes, la première femme ministre de la Défense en 2007 mais avait dû s'éclipser au bout de deux mois en raison d'un scandale auquel elle n'était pourtant pas mêlée.

Très nationaliste, elle soutient la "Société pour la révision des manuels d'histoire", rapporte Le Monde, à l'origine de livres niant la responsabilité du Japon pendant la Seconde guerre mondiale. Elle promeut également les visites du sanctuaire Yasukuni, au centre de controverses internationales, censé abriter les âmes des criminels de guerre japonais lors des conflits menés par le pays depuis le 19e siècle. 

Si elle a remporté cette élection en tant que candidate indépendante, elle avait été un temps perçue comme une étoile montante du Parti libéral démocrate et comme possible première femme Première ministre.

C.H.A. avec AFP