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Fukushima: où en est-on 5 ans après la catastrophe?

Cinq ans après la catastrophe, les stigmates sont encore bien visibles à proximité de la centrale de Fukushima.

Cinq ans après la catastrophe, les stigmates sont encore bien visibles à proximité de la centrale de Fukushima. - Jiji Press – AFP

Le 11 mars 2011, le Japon est frappé par un violent tsunami, provoquant l’explosion de trois réacteurs dans la centrale nucléaire de Fukushima. Cinq ans après, les stigmates de la catastrophe sont encore bien visibles. Le point sur la situation.

Le temps s’est arrêté le 11 mars 2011 à Fukushima. En pleine journée, le Japon est frappé de plein fouet par un impressionnant tsunami, provoquant l’explosion de trois réacteurs dans la centrale nucléaire. Au total, près de 18.500 personnes ont péri dans le pays et le bilan pourrait encore s’alourdir avec le déclenchement tardif de certaines maladies. Les statistiques du ministère de la Santé japonais évoquent le chiffre de 1.700 cancers mortels directement liés.

> Des réacteurs refroidis, pas assainis

Depuis la catastrophe, la centrale est restée à l’arrêt. "Mais 10.000 salariés de Tepco y travaillent encore", indique Jean-Louis Caffier, le consultant environnement de BFMTV. Leur rôle est de refroidir les cœurs des trois réacteurs et de déblayer les alentours pour diminuer les radiations.

"De l’eau continue d’être injectée dans les réacteurs qui ont fondu au moment de l'accident", informe Jean-Louis Caffier. Quelque 810.000 m3 sont stockés dans un millier de cuves et citernes de différents types sur le site, et 61.000 m3 dans les bâtiments et tranchées sous la centrale.

Par ailleurs, des robots télécommandés sont envoyés régulièrement dans les installations pour y retirer des décombres et effectuer différents examens afin de préparer des investigations plus cruciales sur la localisation précise du combustible fondu. Le démantèlement de la centrale devrait encore prendre plusieurs dizaines d'années et coûter la bagatelle de 100 milliards d’euros.

> Des cicatrices bien visibles

C’est évidemment ce qui frappe le plus aux abords de la centrale: les lieux sont fantomatiques et la désolation règne. Rares sont les habitants qui ont pu rentrer chez eux. Près de 100.000 personnes avaient été évacués de cette zone rouge. "Au départ, c’était un rayon de 20 km autour de la centrale. Aujourd’hui, il est aux alentours de 10 km", remarque Jean-Louis Caffier. Dans les villes à proximité, la radioactivité reste très élevée: près de 50 fois supérieure à la normale.

Le rayon de la "zone rouge" autour de la centrale de Fukushima est d'environ 10 km.
Le rayon de la "zone rouge" autour de la centrale de Fukushima est d'environ 10 km. © BFMTV

Quant aux travaux de nettoyage, ils ont pris du retard. Le chantier est titanesque, même la terre contaminée a dû être stockée.

"On a bloqué trois cantons pour l’entreposer dans des millions de sacs", précise le consultant environnement de BFMTV.

En plus de la terre, 22 millions de tonnes de déchets issus du tsunami ont été collectés. Le Japon est loin d’avoir terminé de panser ses plaies.

> Un tourisme voyeuriste

Ces paysages de désolation intriguent. Chaque année, près de 2.000 touristes viennent observer les vestiges de cette sombre partie de l’Histoire.

Un touriste à Namie, une ville de la préfecture de Fukushima, le 11 février 2016, cinq ans après le tremblement de terre ayant provoqué l'explosion de la centrale nucléaire.
Un touriste à Namie, une ville de la préfecture de Fukushima, le 11 février 2016, cinq ans après le tremblement de terre ayant provoqué l'explosion de la centrale nucléaire. © Toru Yamanaka - AFP

Une dizaine de guides de la région organisent des visites bénévolement. Leur but est de montrer leur désespoir actuel. Le phénomène existait déjà à Tchernobyl ou Hiroshima.

> Un impact sur le nucléaire dans le monde?

Fukushima a agité le débat sur le nucléaire partout dans le monde. Après la catastrophe, l’Allemagne est la seule puissance à avoir bouleversé son programme énergétique avec un désengagement total prévu en 2022. La France n’a pas l’ambition d’abandonner le nucléaire pour l’instant même si François Hollande a promis une réduction de la production de 50% d’ici 10 ans.

En dehors de l’Europe, si les États-Unis ne souhaitent pas pour l’instant développer leur parc, la Chine, l’Inde, la Russie, la Corée du Sud ou encore l’Arabie Saoudite espèrent de nouvelles centrales dans un avenir proche. Même le Japon a relancé son activité nucléaire après deux ans d'arrêt.

> Le silence pour les victimes

Au Japon, une minute de silence a été observée ce vendredi à 14h46 heure locale (6h46 en France) en hommage aux victimes du séisme et du tsunami. Lors d'une cérémonie à Tokyo, le couple impérial et le Premier ministre ont prié en même temps que leurs compatriotes à la mémoire des 18.500 personnes tuées par le raz-de-marée et des quelque 3.000 autres décédées plus tard des suites du drame. Une commémoration a également eu lieu sur le site de Fukushima.

Pierjean Poirot avec les équipes de BFMTV