BFMTV
Asie

Japon: un ministre désavoué après avoir évoqué le rejet en mer des eaux contaminées de Fukushima

L'usine temporaire de stockage des déchets nucléaires provenant d'Okuma, préfecture de Fukushima, le 27 août 2019

L'usine temporaire de stockage des déchets nucléaires provenant d'Okuma, préfecture de Fukushima, le 27 août 2019 - KANAME MUTO / YOMIURI / THE YOMIURI SHIMBUN

Lors d'un point presse, Yoshiaki Harada a expliqué aux journalistes que "le rejet en mer était le seul moyen", tout en ajoutant qu'il s'agissait "d'un simple avis" et que "le gouvernement dans son ensemble allait en discuter prudemment".

Le propos, même s'il relaie une hypothèse déjà envisagée, ne passe pas. Le ministre japonais de l'Environnement a été blâmé ce mardi par sa hiérarchie après avoir présenté comme inévitable le rejet en mer de l'eau pleine de tritium stockée à la centrale nucléaire de Fukushima, ravagée par le tsunami de mars 2011.

Lors d'un point de presse, Yoshiaki Harada a expliqué aux journalistes que "le rejet en mer était le seul moyen", tout en ajoutant qu'il s'agissait "d'un simple avis" et que "le gouvernement dans son ensemble allait en discuter prudemment".

Un rejet d'eaux prévu de longue date

Le porte-parole de l'exécutif, Yoshihide Suga, a immédiatement réagi, qualifiant de "personnels" les propos de Yoshiaki Harada, lequel fait partie des personnalités qui devraient quitter mercredi l'équipe du Premier ministre Shinzo Abe à l'occasion d'un remaniement ministériel prévu depuis longtemps.

Le ministre n'a cependant rien dit de bien nouveau. Rejeter à la mer le million de tonnes d'eau pompée dans les installations radioactives de Fukushima et conservée dans des citernes sur le site est une hypothèse ouvertement envisagée depuis des années.

"Solution la plus rapide et la moins onéreuse"

En 2016, une commission d'experts mandatés par le ministère japonais de l'Industrie (Meti) avait conclu que cette option était "la solution la plus rapide et la moins onéreuse", sans exclure d'autres moyens "faisables" bien que plus longs et coûteux.

La commission d'experts du Meti avait calculé qu'il faudrait 7 ans et 4 mois pour se débarrasser de cette eau dans l'océan après dilution, pour un coût évalué à 3,4 milliards de yens (28 millions d'euros), alors que les autres techniques coûteraient de 10 à 100 fois plus pour une durée allant de 8 à 13 ans.

Respect des standards internationaux

En l'état actuel, il n'est pas décidé de diluer cette eau en mer car les concentrations en tritium et autres radionucléides de l'eau en partie décontaminée restent au-delà des normes, a précisé récemment un fonctionnaire de ce même ministère.

"L'eau a besoin de satisfaire les standards" internationaux avant d'être éventuellement rejetée à la mer, a souligné cette source. L'eau non conforme va de nouveau être filtrée.

La compagnie Tepco estime de son côté que les citernes seront pleines en 2022, mais étudie des solutions pour augmenter encore le stockage, même si l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) presse le gouvernement japonais d'agir. Dès 2014, l'AIEA avait conseillé l'option "du rejet contrôlé en mer".

Une autre commission gouvernementale japonaise examine depuis 2016 l'hypothèse en s'interrogeant sur les dommages collatéraux sur l'image du Japon et l'impact sur les secteurs de la pêche et de l'agriculture.

Jules Pecnard avec AFP