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En Inde, un prince ouvertement homosexuel ouvre un refuge LGBT dans son palais

Le prince indien Manvendra Singh Gohil, photographié en avril 2013.

Le prince indien Manvendra Singh Gohil, photographié en avril 2013. - Sam Panthaky - AFP

Un prince indien, ouvertement homosexuel, a annoncé l'ouverture dans son palais d'un centre destiné à recueillir des membres de la communauté LGBT rejetés par leurs parents, dans ce pays où l'homosexualité reste complètement taboue.

Il veut que son histoire puisse servir d'exemple. Le prince indien Manvendra Singh Gohil, fils du Maharadja de l'Etat de Rajpipla, a annoncé l'ouverture d'un centre de refuge pour la communauté LGBT, au sein de son palace, rapporte le site britannique The Independent

Un prince activiste 

Une décision motivée par sa propre expérience, dans un pays très traditionaliste, et où l'homosexualité est punie par la loi. Manvendra Singh Gohil est en effet connu pour être le premier prince au monde à s'être ouvertement déclaré homosexuel. Il est aussi à la tête de l'association Lakshya Trust, qui vient en aide à la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) et fait de la prévention sur les risques du sida, dans l'Etat de Gujarat, dans le nord-ouest de l'Inde. 

Ce prince activiste aujourd'hui âgé de 52 ans a longtemps dû taire et cacher son homosexualité. C'est ainsi qu'en 1991, il épouse une femme, une princesse de l'Etat de Jhabua. Mais incapable de vivre cette vie de mensonge, il avoue son homosexualité à son épouse dans les mois suivant leur mariage. Le couple princier divorce dans la foulée. Les raisons officielles de leur séparation sont tenues secrètes, son ex-femme ayant promis de garder le silence. 

Une homosexualité révélée en 2002

La révélation de l'orientation sexuelle de Manvendra Singh Gohil ne surviendra que plus dix ans plus tard. En 2002, en proie à une crise nerveuse, le prince héritier est hospitalisé, et son psychiatre révèle alors à ses parents qu'il est homosexuel. Leur réaction est sans appel: ils ne veulent pas que la nouvelle se propage, envisagent de le "soigner", par la médecine et la religion, et finissent par le déshériter. 

Malgré ces tentatives d'étouffement, le pays apprend l'homosexualité de Manvendra Singh Gohil, et la nouvelle fait les gros titres de la presse indienne. La réaction de l'opinion publique est très violente: son portrait est brûlé dans plusieurs villes, tandis que des appels à sa destitution sont lancés. 

Un toit et des aides

Comme le rappelle Manvendra Singh Gohil auprès de The Independent, faire son coming-out est "très difficile" en Inde, où l'homosexualité reste un immense tabou.

"Des parents forcent leurs enfants à se marier à des individus du sexe opposé, des mères menacent de se suicider s’ils sont gays, quand d'autres sont tout simplement chassés de chez eux", rappelle-t-il, expliquant que cette situation fait que de nombreux enfants ne savent plus où aller et se retrouvent à la rue. 

Une situation intolérable, pour le prince Manvendra, qui a pris la décision de créer un refuge destiné à la communauté LGBT au sein même de son palais, pour venir en aide à ces jeunes qui se retrouvent livrés à eux-mêmes, dans un pays où les enfants sont très attachés à leurs parents, et sont alors tentés par le suicide. 

Le palais rose du prince indien, situé dans l'Etat du Gujarat, où de nombreux édifices sont roses, offrira ainsi un toit, mais aussi des soins médicaux, des formations professionnelles et un soutien financier aux membres de la communauté LGBT se retrouvant en difficulté. 

Adrienne Sigel